Ménaka — Assise dans la cour de sa maison, avec son nouveau-né dans les bras, Aissata*, déplacée par l'insécurité et vivant dans le centre-ville de Ménaka, se souvient du jour où elle est tombée malade alors qu'elle était enceinte. « Ce jour-là, j'avais mal au bas ventre, j'étais faible et je n'avais pas d'appétit. Le pire, je n'avais pas d'argent et mon mari était absent », se rappelle-t-elle.
Les conditions de vie de Aissata et de sa famille se sont dégradées quand ils ont dû quitter Anderamboukane en 2021 à cause de l'insécurité qui y régnait. Elle fait partie des centaines de milliers de personnes touchées par des difficultés d'accès aux soins de santé de qualité dues à la crise sécuritaire au Mali.
En 2023, plus de 72 500 personnes ont été déplacées au Mali à cause des affrontements entre groupes armés rivaux, des conflits intercommunautaires et des opérations militaires menées par les forces armées maliennes contre les groupes armés non étatiques, principalement dans les régions de Gao, Kidal, Ménaka, Mopti, Taoudénit et Tombouctou, ainsi que dans certaines parties du Sud du pays.
A cause de l'insécurité dans ces régions, la présence du personnel médical est largement réduite et plusieurs structures de santé ne sont plus opérationnelles. La région de Menaka est particulièrement affectée par de nombreux défis dont le manque de personnel de santé qualifié, de médicaments, d'équipements médicaux, ainsi que des locaux adaptés aux soins.
« Avec la crise, le nombre de patients a augmenté du fait de la promiscuité et de la co-sédentarité des déplacés et le faible revenu des ménages », explique le Dr Tiangoura Traoré, médecin-chef du district de Menaka. Aussi le district est confronté à la prévalence élevée des infections respiratoires aigües, de la malnutrition aigüe et ses complications, des maladies diarrhéiques, du paludisme, des dermatoses et de certaines maladies chroniques dont l'hypertension artérielle.
Pour soutenir le Mali afin d'offrir des soins de santé de qualité dans les zones en proie à l'insécurité, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), soutenue par le Fonds Central d'Intervention d'Urgence (CERF), met à la disposition du Ministère de la santé des médicaments et autres consommables. L'Organisation soutient la motivation des travailleurs de la santé sur place. Des cliniques mobiles sont également organisées avec l'appui de l'OMS en vue d'atteindre les populations isolées dans le centre-ville de Menaka et dans les deux districts les plus affectés par l'insécurité notamment Tidermane et Anderamboukane.
De juillet 2022 à janvier 2023, l'OMS a pu fournir une assistance médico-nutritionnelle vitale à près de 75 000 personnes touchées par la crise humanitaire dans la région de Ménaka. L'Organisation, en collaboration avec ses partenaires, a soutenu l'assistance sanitaire et nutritionnelle vitale à près de 4 000 enfants de moins de cinq ans, le référencement de 1 034 enfants souffrant de malnutrition vers les unités de traitements appropriés et a fourni des médicaments pédiatriques ainsi que des équipements bénéficiant à environ 500 enfants.
En plus, elle a appuyé des sessions de sensibilisation aux bonnes pratiques nutritionnelles et à l'alimentation infantile pour près de 1 400 femmes enceintes ou allaitantes, et formé 67 facilitateurs de soutien communautaire, 13 travailleurs de la santé à la prise en charge de la malnutrition aiguë sévère et 123 acteurs humanitaires aux premiers secours psychologiques.
« L'appui de l'OMS apporte un plus pour l'accès aux soins gratuits pour la population. Le personnel est motivé et disponible, les soins sont accessibles aux populations restées un peu éloignées à travers les équipes mobiles », ajoute le Dr Traoré.
Grâce au soutien du CERF, l'OMS a pu apporter une réponse multisectorielle coordonnée de grande échelle à cette crise humanitaire afin répondre aux besoins pressants de santé des populations affectées dans la région de Menaka.
« La présence de l'OMS sur le terrain symbolise bien plus que de la livraison d'équipements médicaux. C'est un engagement constant en faveur de la santé des déplacés et des communautés hôtes », a déclaré le Dr Christian Itama, le Chargé du bureau de l'OMS au Mali. « C'est aussi une promesse de soutien continu pour assurer l'accès aux services de santé essentiels dont ces personnes en situation de vulnérabilité ont désespérément besoin ».
Mohamed Touré a été formé à la surveillance épidémiologique, la gestion des rumeurs et l'appui psychologique. A part la recherche active, la surveillance passive, la collecte des données et une détection rapide de cas d'effets secondaires suite à la vaccination, Mohamed fait aussi de l'accompagnement psychologique. « Mon rôle est de soulager les survivants tout en contribuant à réduire la peur et le stress afin qu'ils puissent avoir accès aux soins en toute confiance et être en bonne santé », détaille Mohamed Toure.
L'assistance sanitaire se poursuit afin de continuer à assurer l'accès gratuit aux soins de santé de qualité et d'améliorer la situation sanitaire des déplacés internes et de la population hôte.
Grâce aux cliniques mobiles, Aissata a pu bénéficier des soins dont elle avait besoin. « J'ai été informée par une amie d'une prise en charge gratuite par des agents de santé qui viennent à véhicule. On m'a donné les médicaments aussi gratuitement. Si ce n'était pas cette consultation gratuite, je ne savais pas comment j'allais faire ce jour-là », témoigne la jeune maman. Elle a été suivie durant toute sa grossesse, ce qui a permis de sauver sa vie et celle de l'enfant qu'elle portait.