La clandestinité dans laquelle vivent 150 femmes malgaches, selon les chiffres officiels du Passport and Immigration Office (PIO), est une réalité complexe qui émerge de divers facteurs socio-économiques et culturels. La situation de ces femmes est tout d'abord le résultat de la pauvreté, un moteur puissant qui les pousse à vivre dans l'ombre. Dépourvues de ressources et de soutien social, elles se retrouvent contraintes à des activités illégales et souvent risquées pour subvenir à leurs besoins élémentaires.
L'herbe semblait plus verte ailleurs et elles ont choisi Maurice pour sa stabilité économique. Le modus operandi est simple : elles arrivent avec un visa touriste de 14 jours, et leur seul moyen de se faire de l'argent est de devenir des «see workers» au lieu de «sex workers», comme nous l'a confié une source au PIO. «C'est dans le but de ne pas les dénigrer et cela a été dit lors d'un séminaire sur les travailleurs illégaux. Un gros réseau opère en ce moment sur le littoral nord dans des night-clubs et des centres de massage dans le centre de l'île.»
Le matin, elles sont des entrepreneures qui vendent des vêtements en ligne et expédient les colis à leurs consoeurs ou confrères de Madagascar. «Elles opèrent comme des femmes de la nuit dans les discothèques et offrent leurs services. Le propriétaire du night-club agit en quelque sorte en proxénète. Si une passe coûte en moyenne Rs 10 000, ce n'est pas pour autant que la femme recevra cette somme. Elle aura environ Rs 2 000. Si elle a cinq clients par jour, c'est la somme de Rs 10 000 qu'elle recevra. Sur une semaine, cela fait Rs 70 000. Comme les Malgaches arrivent en touristes, elles ont un visa de 14 jours. En deux semaines, elles amassent aux alentours de Rs 150 000.» D'ajouter : «Pour elles, ces montants ont beaucoup de valeur à Madagascar. Les see workers jouent à un jeu d'esprit sans retenue car les émotions ne comptent pas. Elles arrivent à Maurice dans un but précis : gagner un maximum d'argent. Auparavant, elles pouvaient demander une extension de leur séjour, mais quand le PIO a découvert leur supercherie, il y a mis fin.»
Strip-teaseuses sans permis
Le 30 septembre 2016, cinq Ukrainiennes avaient décidé de se rendre au Gentlemen's Club de Flic-en-Flac. Elles ont affirmé être montées sur scène de leur propre chef pour une pole dance en petites tenues. La police est intervenue et les a embarquées. «Nous avons ensuite été placées sous surveillance policière.» La police les a soupçonnées de travailler sans permis comme strip-teaseuses dans le club privé, mais le Directeur des poursuites publiques (DPP) a estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves pour entamer des poursuites. Pour Popo Hazareesingh, qui a géré plusieurs boîtes de nuit et clubs privés, il n'y a jamais eu ni trafic humain ni exploitation car les Ukrainiennes «étaient là en tant que touristes». Pour lui, la police s'est trompée depuis le début. La preuve, selon lui, est la décision du DPP de ne pas poursuivre ni les Ukrainiennes ni lui.