Reckya Madougou, l'opposante béninoise qui purge depuis 2021 une peine de vingt ans de prison pour « terrorisme » dénonce avec force et en des mots très durs ses conditions de détention. « Il est des moments où l'abus de l'oppression nécessite protestation par instinct de survie », écrit l'ancienne garde des Sceaux dans un courrier abondamment diffusé sur les réseaux sociaux. Mme Madougou qualifie son régime carcéral « d'illégal et féroce ». Ce n'est pas la première fois, son avocat a en effet fait la même chose plusieurs fois déjà.
La lettre est un pamphlet contre le directeur de l'agence pénitentiaire du Bénin, « c'est à vous que je m'adresse publiquement pour les besoins de l'histoire » précise Reckya Madougou, l'auteure de ces lignes. Le patron des prisons y est cité nommément avec son grade d'officier.
Le courrier commence par cette question : « Dans quel État de droit un prisonnier est interdit de téléphoner à ses enfants et à son médecin traitant ? ». Reckya Madougou rapporte qu'elle en a été empêchée, à la veille de l'examen du BEPC de son fils l'année dernière. « C'est un calvaire sans nom que je subis » dénonce la détenue.
Une réponse
Cette lettre est en fait une réponse à un communiqué du patron des prisons qui expliquait pourquoi il avait refusé l'accès Madame Madougou à un groupe de députés de l'opposition le 27 mars 2024. Le directeur écrit : « Madame Madougou ne fait l'objet d'aucune restriction de visite, elle a accès à son médecin. Les députés refoulés n'avaient pas de permis de visite ».
L'intéressée conteste et affirme que tout lui est pratiquement refusé. Elle conclut son courrier en ces termes : « Je fais cette dénonciation afin que nul ne le subisse demain, même ceux qui m'y soumettent aujourd'hui ».