Ile Maurice: La SST chargée d'élucider des accusations contre elle-même

Le 12 février, Vimen Sabapati a déposé un deuxième affidavit en cour, faisant des révélations fracassantes contre l'équipe de la SST qui l'avait appréhendé le 3 mai 2023. Dans ce document, Vimen Sabapati, fort de preuves vidéo et audio, avance qu'une ex-membre de la SST s'est approchée de lui le 24 décembre 2023 à Trianon et aurait dénoncé les pratiques douteuses de la SST, notamment le «planting» de drogue. Il avait aussi adressé une lettre au Directeur des poursuites publiques (DPP), qui a demandé au commissaire de police d'ouvrir une enquête. Cependant, jeudi, la SST a informé Vimen Sabapati qu'il devait se présenter hier pour une enquête, avec ordre de soumettre son téléphone portable à un examen approfondi. Cette demande, venant de la même unité mise en cause par Sabapati, soulève des questions.

Me Shakeel Mohamed, l'avocat de Vimen Sabapati, exprimant son indignation face à cette exigence, a réagi en écrivant au commissaire de police. Il a clairement stipulé que son client refuserait de se plier à cette demande, jugeant inacceptable que l'enquête soit menée par la SST, dont l'intégrité est précisément mise en doute. Me Mohamed a ainsi exigé qu'une équipe indépendante soit chargée de cette enquête, pour garantir son impartialité et sa crédibilité. «Comment peut-on attendre d'une entité qu'elle enquête sur elle-même de manière objective ? Le DPP a, certes, demandé au CP de mener une enquête, mais il n'a pas dit que cette tâche devrait être confiée à la SST», souligne l'avocat.

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Me Shakeel Mohamed met en lumière un autre aspect critique de cette situation : une contestation est actuellement devant la Cour suprême, où un jugement de la juge Carol Green-Jokhoo est attendu. Après son premier affidavit, Sabapati avait explicitement demandé que la SST soit écartée de l'enquête. L'attente du verdict de la Cour suprême renforce l'argument selon lequel il est prématuré et irrespectueux envers le système judiciaire de répéter la même démarche, alors que la justice n'a pas encore rendu sa décision. Me Mohamed exprime ses inquiétudes face à cette récidive de confier systématiquement des affaires à la SST pour investigation. «Bien que le CP exerce ses pouvoirs constitutionnels, il ne faut pas oublier que mon client détient également des droits constitutionnels à une enquête et à un procès juste et équitable», observe-t-il.

Dans ce deuxième affidavit, Vimen Sabapati avance qu'une ex-membre de la SST l'a accosté le 24 décembre 2023 à Trianon et qu'il l'a reconnue comme celle qui avait filmé son arrestation le 3 mai 2023. La policière qui était en uniforme lui a dit, selon Vimen Sabapati, qu'elle cherchait à le rencontrer depuis deux mois et qu'elle s'était même rendue en vain à son restaurant à Rose-Hill. Tout en informant Sabapati qu'elle ne faisait plus partie de la SST car «trop beaucoup travail malang ki pe fer là-bas». Elle dira qu'elle était depuis son transfert postée à Rose-Hill. Toujours selon Vimen Sabapati, la policière lui aurait expliqué qu'elle voulait le rencontrer pour l'informer que ce qu'elle a filmé le 3 mai 2023 ne correspond pas à ce qui a été enregistré dans le «Diary Book» de la police.

«L'enregistrement vidéo montre que vous (NdlR : Vimen Sabapati) preniez votre sac avec vous pour vous rendre au bureau (NdlR : de son avocat) alors que d'après la procédure, si on vous arrête en chemin avec de la drogue dans votre sac, ce sac aurait dû être saisi par la police sur le chemin. De plus, l'accusé ne doit pas voyager avec la pièce à conviction (exhibit).» La policière aurait alors montré la vidéo à Vimen Sabapati tout en lui promettant de lui en envoyer une copie. Elle a suggéré à Vimen de faire la demande du Diary Book et de l' Occurrence Book et ce sera l'occasion, ajoute-t-elle, de découvrir que ce qui a été noté par la police est différent de ce qui s'est passé, comme en témoignerait la vidéo.

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