Sénégal: À qui Bassirou Diomaye Faye s'apprête à couper les vivres ?

Au coeur de son premier discours de politique générale, la veille de la célébration de la fête d'indépendance le 4 avril 2024, le Président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a martelé sa volonté de « rationaliser » la gestion de la chose publique. Il a donc annoncé une gouvernance axée sur la réduction du train de vie de l'Etat et de ses démembrements, mais également la mise à disposition et la gestion efficiente des ressources allouées aux différentes politiques.

Cette rigueur financière, Bassirou Diomaye Faye compte aussi l'appliquer à la classe politique. Autrement dit, l'argent public ne sera plus engagé dans des projets sans en évaluer clairement la valeur réelle et son impact. Idem pour les partis politiques qui ne recevront plus d'argent public sur simple présentation de documents autorisant leur existence et leurs activités. Pour ces derniers, il faudra désormais compter et peser dans le débat ou disparaître.

Dans son intervention, le nouveau Chef de l'exécutif sénégalais entend donc rationaliser les partis politiques et leur financement. Et pour les questions économiques, il semble avoir une idée claire de ce qu'il va faire. « L'éducation, l'information au métier, l'emploi, l'entrepreneuriat des jeunes et des femmes restent des défis majeurs à relever. J'en ferai une priorité élevée des politiques publiques en concertation avec le secteur privé. Nous devons à cet effet revisiter les mécanismes existants, les améliorer et les rationaliser afin qu'ils répondent mieux aux besoins d'emploi et autres activités génératrices de revenu pour les jeunes », a-t-il déclaré.

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Les anciens maîtres de Dakar devront-ils rendre compte de leur gestion du pouvoir ?

Dans son discours, Bassirou Diomaye Faye a tenu à se présenter sous son meilleur jour. L'ancien inspecteur des impôts a l'intention de bien faire comprendre à ses compatriotes que le contrôle financier - il est un expert - est au centre de son action. Et il a aussi fait noter que la gestion des ressources notamment pétrolières - principale raison du schisme avec le pouvoir sortant - fera l'objet d'une attention particulière. Sur ce point, il est très clair : « Dans la quête d'un Sénégal meilleur au bénéfice de tous, j'engagerai sans tarder une politique hardie de bonne gouvernance économique et financière par la lutte sans répit contre la corruption, la répression pénale de la fraude fiscale et des flux financiers illicites, la protection des lanceurs d'alerte, la lutte contre le développement des données publiques et le blanchiment d'argent, l'amnistie de traitement et leur intéressement sous condition d'autodénonciation, la publication des rapports de l'Ige, de la Cour des comptes et de la fraude. De même, l'exploitation de nos ressources naturelles qui, selon la Constitution, appartient au peuple, retiendra particulièrement l'attention de mon gouvernement ».

D'aucuns pensent que le clan de l'ex-Président Macky Sall, pourrait rapidement être rattrapé par la justice si le pouvoir en place lance des audits. La mauvaise gouvernance économique a été l'une des principales accusations des nouvelles autorités sénégalaises portées contre le précédant régime.

À ce sujet, le magazine français Capital résumait ainsi le 2 février 2024, les griefs de l'opposition contre Macky Sall : « Au Sénégal, depuis 2001, la déclaration de patrimoine est une obligation pour le Président. La mesure est inscrite dans la Constitution sénégalaise. Macky Sall s'y est soumis en 2012 lors de son arrivée au pouvoir. Les derniers chiffres de la fortune du Chef de l'Etat sénégalais datent d'il y a 10 ans. À cette époque, son patrimoine a été estimé à plus de 1,3 milliard de FCfa, soit près de 2 millions d'euros sans compter les 35 véhicules mentionnés par Macky Sall ».

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