Après cinq ans de vives tensions entre l'ex-président de l'Assemblée nationale Guillaume Soro et le président de la Côte d'Ivoire, Alassane Dramane Ouattara (ADO), les deux hommes se sont enfin parlé au téléphone.
Le leader du GPS dissous, dit-on, a remercié son ex-mentor pour la libération de ses proches et le retour au bercail d'autres qui étaient en exil depuis plusieurs années. Pour un acte de décrispation, c'est en un. Car, on le sait, les deux hommes se vouaient une haine viscérale au point que beaucoup se demandaient s'ils parviendraient un jour à se pardonner. Si aujourd'hui, ils en viennent à se parler, c'est que chacun a mis de l'eau dans son vin. Et c'est tant mieux. Cela dit, va-t-on vers le retour de l'enfant prodigue ? Il y a des raisons de le penser.
En effet, tout laisse croire que le geste inattendu à l'endroit des proches de Soro et les échanges téléphones entre les deux hommes, sont les prémices d'un retour au bercail de l'ex-bras droit du président Ouattara. Mais pour jouer quel rôle ? L'avenir nous le dira. Du reste, après le retour de l'ancien président, Laurent Gbagbo et Blé Goudé, les Ivoiriens s'attendent au retour de Soro en Eburnie.
Et le ciel ne va pas tomber sur la Côte d'Ivoire, si dans les prochains jours, Bogota venait à fouler le sol natal. Loin s'en faut ! Après avoir passé cinq ans entre Paris, Chypre, Génève, Dubaï, Istanbul, Bamako, dans les conditions que l'on sait, Soro voudrait bien regagner son pays après son retour manqué en 2019. Au-delà de la nostalgie que l'homme politique pourrait ressentir, il n'est pas évident que Soro soit encore au mieux de sa forme aussi bien sur le plan sanitaire que financier.
Ce rapprochement profite aux deux hommes politiques
Car comme on le dit, l'exil use et Soro ne saurait échapper à cette dure réalité. En tout cas, tout porte à croire qu'après une profonde introspection, l'ex-chef rebelle a compris qu'il vaut mieux abandonner les diatribes à l'encontre de son ex-mentor et s'inscrire dans une dynamique de la paix. En tout état de cause, ce rapprochement profite aux deux hommes politiques.
C'est d'autant plus vrai qu'il pourrait permettre à Soro, condamné à la perpette pour atteinte à la sûreté de l'Etat, de retrouver les siens après cinq ans d'absence et à Ouattara de récolter des dividendes sur le plan politique. On pourrait même se risquer à dire que le rapprochement entre Soro et Ouattara n'est pas un fait de hasard puisqu'il intervient à quelques mois de la présidentielle de 2025. Du reste, on se demande si Ouattara n'a pas été inspiré par son ami Macky Sall, le désormais ex-président sénégalais qui, au terme de ses deux mandats consécutifs, a pris une loi d'amnistie permettant de libérer plus d'un millier de prisonniers politiques.
Toujours est-il que si Ouattara qui a mis ses réseaux en branle pour traquer Soro au point d'obliger ce dernier à se retrouver, entre-temps, dans les pays de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), accepte aujourd'hui de lui parler, c'est qu'il a bien quelque chose à y gagner. En tous les cas, tout ce qu'il faut souhaiter, est que ce rapprochement soit sincère. Car on le sait, en politique, tous les coups sont permis. Cela dit, ADO étant un animal politique, il faut craindre que ce rapprochement ne soit une entourloupe visant à abattre un adversaire qui a longtemps troublé son sommeil.