Le « roi lion », élevé dans une ferme ? C'est le cas de 8 000 fauves vivant en captivité en Afrique du Sud. Des lions élevés pour être chassés, domestiqués et exhibés ou abattus pour leurs os qui sont ensuite exportés vers l'Asie du Sud-Est. Le gouvernement sud-africain craint que cette industrie de plus en plus impopulaire fasse du tort à son secteur touristique centré autour de la protection de la vie sauvage et des safaris. Il veut donc y mettre fin en douceur, d'abord sur la base du volontariat, pour ne pas causer trop de tort à une industrie qui emploie jusqu'à 2 000 personnes.
C'est un long combat qui fini par payer pour Louise de Waal. Elle dirige l'ONG Blood Lions qui milite pour la fermeture des élevages depuis 2015 : « On n'a jamais été aussi proche de mettre fin à une industrie aussi immorale fondée sur l'exploitation. De nombreux lionceaux sont prématurément arrachés de leurs mères pour être utilisés dans des attractions touristiques quand ils sont un peu plus vieux. D'autres sont abattus dans des chasses fermées. »
« Terrorisme émotionnel »
Richard York, le patron d'une association d'éleveurs, accuse le gouvernement sud-africain de se soumettre « au terrorisme émotionnel ». Il lui reproche aussi de ne proposer aucun dédommagement à ceux qui accepteraient de se reconvertir. Il prend pour exemple un fermier volontaire qu'il connaît : « Il a fait part de sa proposition en leur disant qu'il possédait une ferme de 3 000 hectares dans le Kalahari. Il leur a dit : "Mon activité n'est viable qu'avec le commerce des lions. Si vous me retirez mes lions, tout mon élevage d'animaux sauvages s'effondre" ».
Si le gouvernement parvient à abolir l'élevage des lions dans les années à venir, les éleveurs pourraient se tourner vers d'autres carnivores comme les tigres, une espère pourtant étrangère au continent africain.