Les membres du Conseil de sécurité ont fermement condamné vendredi la reprise des attaques du Mouvement du 23 mars (M23) dans la région du Nord-Kivu, à l'est de la République démocratique du Congo (RDC), et dans d'autres régions, aggravant l'insécurité et exacerbant la situation humanitaire désastreuse actuelle.
Dans un communiqué de presse, ils ont également condamné tous les groupes armés opérant dans le pays. Ils ont exigé « la cessation immédiate des hostilités et de toute nouvelle avancée du M23 ainsi que son retrait inconditionnel de toutes les zones occupées, comme convenu dans le cadre du processus de Luanda approuvé par l'Union africaine ».
Les membres du Conseil de sécurité se sont réunis le 27 mars pour discuter de la situation en RDC et ont été informés par la Représentante spéciale du Secrétaire général dans ce pays et Cheffe de la Mission des Nations Unies en RDC, la MONUSCO, Bintou Keita.
Pour un accès humanitaire sûr et sans entrave
Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur inquiétude face au nombre de personnes déplacées internes dans les provinces de l'Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, et ont appelé tous les donateurs à accroître leur soutien en réponse au Plan de réponse humanitaire 2024. Ils ont appelé toutes les parties, en particulier le M23 et les groupes armés congolais, à permettre « un accès humanitaire sûr, rapide et sans entrave à ces personnes dans le besoin et à s'abstenir de toute violence contre les civils ».
Les membres du Conseil ont exprimé leur préoccupation face aux violations persistantes du droit international humanitaire et aux violations et abus des droits de l'homme, notamment la violence sexiste et la violence sexuelle dans les conflits, le recrutement et l'utilisation d'enfants.
Ils ont en outre exprimé leur inquiétude face à l'intensification de la mésinformation et de la désinformation. Ils ont renouvelé leur condamnation des discours de haine visant toute communauté et alimentant les violences intercommunautaires. Ils ont souligné l'importance de protéger les civils et de veiller à ce que les responsables de ces violations, y compris les violences sexuelles dans les situations de conflit et d'après-conflit, répondent de leurs actes.
Condamnation du soutien militaire étranger au M23
Les membres du Conseil de sécurité « ont condamné le soutien militaire étranger apporté au M23 et à tout autre groupe armé opérant en RDC et ont exigé la cessation de ce soutien et le retrait immédiat de toute partie extérieure de ce type de la RDC ».
Ils ont exprimé leur « profonde préoccupation face aux rapports du Groupe d'experts sur la RDC sur le soutien militaire étranger au M23 et les interventions militaires directes sur le territoire de la RDC ». Ils ont également condamné « le soutien, notamment apporté par les forces militaires, à certains groupes armés comme les FDLR et ont exigé la cessation de ce soutien ».
Les membres du Conseil de sécurité ont condamné dans les termes les plus fermes les récentes attaques contre la MONUSCO, son personnel et ses biens. Ils ont réitéré leur ferme soutien aux mesures actives prises par la MONUSCO pour mettre en oeuvre son mandat, notamment des opérations offensives ciblées en RDC pour neutraliser les groupes armés. Ils ont demandé au Secrétaire général, aux États membres et au gouvernement de la RDC de prendre toutes les mesures appropriées pour assurer la sûreté et la sécurité du personnel de la MONUSCO.
Ils ont réitéré l'importance de renforcer l'engagement de la MONUSCO avec les communautés locales et ont souligné l'importance de prévenir et de contrer les campagnes de désinformation visant à miner la crédibilité de la mission et à entraver la mise en oeuvre de son mandat.
Retrait progressif et responsable de la MONUSCO
Les membres du Conseil de sécurité ont réitéré « leur soutien au retrait progressif, responsable et durable de la MONUSCO ».
Ils ont fortement encouragé les autorités de la RDC à prendre des mesures concrètes, notamment l'accélération de la réforme du secteur de la sécurité, pour éviter toute faille sécuritaire au Sud-Kivu afin d'assurer une protection efficace des civils, en particulier des femmes et des enfants.
Ils ont réitéré leur disposition à envisager d'autres étapes de ce processus à la fin de cette première phase, en fonction des progrès réalisés vers la satisfaction des objectifs et des critères énoncés dans le plan de désengagement et en tenant compte de la situation sur le terrain.
L'ONU a entamé fin février le retrait progressif de ses Casques bleus de la province du Sud-Kivu. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a en effet acté en décembre dernier la demande de Kinshasa d'un retrait progressif de la mission onusienne, qui est encore présente dans trois provinces, le Sud-Kivu, le Nord-Kivu et l'Ituri. Le Sud-Kivu est la première de ses provinces affectée par ce « retrait ordonné, responsable et échelonné du pays ».
Vendredi, les membres du Conseil de sécurité ont appelé toutes les parties à maintenir le dialogue diplomatique et à prendre des mesures concrètes vers une désescalade. Ils ont exprimé leur soutien à tous les efforts visant à parvenir à une cessation des hostilités.