Au Mali, plus de 80 partis politiques et organisations de la société civile demandent au régime militaire de mettre fin à la transition dirigée par la junte depuis août 2020.
Ils réclament la tenue de la présidentielle dans les meilleurs délais, selon la Voix de l'Amérique qui s'en est fait écho à l'instar de nombreux autres médias internationaux. Cette sortie est d'autant plus scrutée de près par les observateurs de la situation malienne, qu'elle intervient après la dissolution - avec une semaine d'intervalle - des deux forces d'opposition leaders de la contestation dans le pays : la Coalition des mouvements de soutien à l'imam Mahamoud Dicko (Cmas) et l'Association des élèves et étudiants du Mali (Aeem).
Évidemment, cet appel à l'endroit de la junte ne laisse pas les pro-juntes indifférent. Ils défendent bec et ongles leur champion, le Colonel Assimi Goïta. « Ils ne réclament pas des élections, ils sont téléguidés par ceux qui veulent le chaos pour une seconde fois. Dieu ne dort pas », écrit Zaba Adams (@AdamsZaba) sur X (Twitter).
Ces attaques contre les voix discordantes suffiront-elles à la junte pour conserver son pouvoir ? Difficile de répondre par l'affirmative. Puisque Bamako n'arrive toujours pas à bout des groupes armés touaregs et jihadistes qui écument le septentrion malien. La multiplication des opérations de harcèlement des Forces armées maliennes (Fama) ne joue pas forcément en faveur du Colonel Assimi Goïta et ses hommes.
Le journaliste-bloggeur malien, Konaté Malick (@konate90) a rapporté le 1er avril 2024 que « le samedi 30 mars 2024, les habitants de la ville de Saye, dans la région de Ségou, ont manifesté pour attirer l'attention des autorités de la transition sur le blocus imposé par les groupes terroristes, transformant ainsi la ville en une prison à ciel ouvert ».
Le temps pour ou contre Assimi Goïta ?
Dans la déclaration des villageois pris en otage, dont Konaté Malick publie un large extrait, l'on note une mise en garde adressée au chef de la junte, afin que les Fama soient permanemment dans la zone pour éviter un basculement de la localité dans le camp adverse à l'instar d'autres agglomérations qui ont dû se résoudre à collaborer avec les groupes rebelles, afin de se protéger contre d'éventuelles représailles.
Une montée en puissance de l'Africa Corps - qui remplace le Groupe Wagner - dans les semaines à venir.
Ces troupes russes permettront-elles à la junte d'étendre son autorité sur l'ensemble du territoire ? Nombre d'observateurs scrutent cette intervention russe qui est aussi annoncée au Burkina Faso et même au Niger.
Là encore, d'aucuns pensent que la junte n'aura pas pour autant la paix. Puisque le bouillant opposant Oumar Mariko - pourtant pro-russe - en exil demande le départ des militaires. Reçu sur TV5Monde, Oumar Mariko explique que le sécuritaire qui a justifié la prise du pouvoir par les militaires « est total ».
Il indique que Kidal n'a pas été libéré, que la ville est occupée par le Groupe Wagner après le retrait des groupes rebelles et que les « deux tiers des populations ont fui ». Le problème reste donc entier selon lui.
Les soutiens de la junte balaient les propos d'Oumar Mariko du revers de la main, lui dénient son côté pro-russe et le qualifient « d'aigri haineux qui ne gagne plus rien et veux déstabiliser juste pour déstabiliser », indique Sawadogo Fidèle