Ile Maurice: Le PMSD, victime ou joueur ?

La folie n'a pas encore pris le pas sur la raison ! La cassure entre les partenaires de l'opposition n'a pas eu lieu. Du moins pour l'heure ! Sauf que le flou demeure sur l'avenir de l'alliance PTr-MMM-PMSD qui, valeur du jour, est toujours en vie, malgré les secousses. Pour combien de temps encore ?

La prise de position du leader des Bleus ce samedi - après l'intervention de son fils sur Radio Plus et une rencontre de celui-ci avec le leader du PTr, Navin Ramgoolam - n'enlève en rien les spéculations entourant la fragilité d'un trio qui, avant même de former éventuellement un gouvernement, n'arrive pas à se mettre d'accord en privé. Du coup, tout le linge sale se lave sur la place publique avec des leaders aux égos surdimensionnés, voulant soi-disant sauver le pays alors qu'au fond, ce sont les tickets des uns et des autres qu'il faut sauver, la répartition étant devenue le gros macadam pouvant susciter une séparation !

À écouter Xavier Duval, la formule des 35-17-8 n'avait jamais été finalisée et il n'y avait aucun accord définitif. Pour lui, donc, ce nombre serait insuffisant car le parti ne souhaite pas avoir le rôle de vase à fleurs dans un prochain gouvernement ! S'il refuse de donner le nombre de tickets qui serait acceptable aux yeux de son parti, la surprise est venue de Bérenger qui affirme non seulement que «le PMSD ti bizin gagn lezerman mwin tike», mais que lors de la dernière réunion des leaders «pane ena okenn koze lor 8 tike pa dakor»...

%

D'un côté, Duval, à l'issue de son Bureau politique, laisse comprendre que l'alliance Rouge-Mauve-Bleu pourrait survivre à cette crise avec des solutions à trouver au niveau des investitures, de l'autre Bérenger donne, lui, l'impression d'avoir déjà intériorisé une éventuelle cassure même s'il dit souhaiter le contraire. Son irritation envers les propos d'Adrien Duval (sur la défaite de 2019), la photo de Xavier Duval en compagnie de Patrick Belcourt (En Avant Moris) qu'il juge provocante, sa déclaration sur le fait que si le PMSD s'en va, «enn bonn alians PTr-MMM nou pare», pourraient être interprétées comme l'acceptation de l'alliance brisée.

Est-ce que Ramgoolam, à qui les deux partenaires ont donné le rôle de maître du jeu, sera sensible à la posture officielle du PMSD et reviendra sur la question du partage des tickets ? Selon les propos de Bérenger, cette répartition ne sera pas revue, Ramgoolam ayant été «all along bloke lor la...» Ainsi donc, si le leader rouge reste sur sa position, si Bérenger n'est pas en mesure d'accepter moins de tickets - il juge déjà le nombre alloué au MMM insuffisant, mais a accepté son sort - et si Duval persiste à vouloir plus d'investitures, les trois partis se dirigeraient alors vers une impasse pouvant provoquer une cassure avec un repositionnement des blocs traditionnels sur l'échiquier.

Au final, tout ce jeu de rapport de force nous fait basculer dans une ambiance indécente de folklore local où tout peut être possible à la veille des législatives ! Ainsi le PMSD, avec tous les épisodes de cette semaine, laisse penser qu'il s'octroie aujourd'hui un rôle de joker des deux blocs traditionnels ! Quand le chef du PMSD dit qu'il souhaite «influencer les choses dans un prochain gouvernement» et que «son parti a un apport considérable», est-ce qu'il réfléchit également à une option Jugnauth-Duval si celui-ci propose plus de tickets que Ramgoolam ? Est-il possible qu'après cinq ans dans l'opposition à dénoncer le gouvernement au travers de redoutables PNQ à l'Assemblée nationale, le PMSD puisse s'asseoir sans complexe à la table orange ? Est-il possible qu'après avoir démissionné d'un gouvernement MSM - pour dire non au Prosecution Commission Bill qui voulait mettre le bureau du DPP sous la coupe du gouvernement d'alors -, le PMSD envisagerait un partenariat avec le parti Soleil ?

En attendant que la météo s'éclaircisse dans le camp de l'opposition, le gouvernement prend joyeusement son avance avec ce cadeau inespéré et a déjà commencé ses rassemblements en guise de démonstration de force ! Le week-end et les jours à venir qui s'annoncent déterminants nous diront si la folie prendra le pas sur la raison !

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.