Dakar — L'ambassade de la République du Rwanda au Sénégal a organisé, lundi, à Dakar, une journée de commémoration des 30 ans du génocide rwandais, qui avait occasionné la mort de plus d'un million de Tutsis, du 7 avril au 15 juillet 1994.
Cette cérémonie commémorative intervient au lendemain du lancement par le chef de l'Etat rwandais, Paul Kagamé, des 100 jours de la commémoration du 30e anniversaire de ce génocide, sous le thème "Mémoire, Unité et Renouveau".
"Le génocide contre les Tutsis a emporté plus d'un million de personnes parce qu'il a été populaire, un génocide de proximité selon beaucoup de chercheurs", a déclaré l'ambassade du Rwanda à Dakar, Jean Pierre Karabaranga lors de la cérémonie.
La commémoration du génocide des Tutsis "permet de rendre hommage aux frères et soeurs, parents et amis fauchés par cette folie humaine et de réconforter les survivants qui ont tant souffert de la perte des leurs", a lancé le diplomate rwandais.
"Les meurtres ont été commis principalement par les voisins contre leurs voisins millénaires, par des amis contre des amis d'enfance, par des enseignants contre leurs collègues enseignants, par des enseignants contre leurs propres étudiants, par des étudiants contre leurs camarades étudiants", a-t-il rappelé sur un ton empreint de douleur.
Jean Pierre Karabaranga a invité les Etats du monde entier à "lutter contre toute forme de négationnisme du génocide contre les Tutsis et à oeuvre pour traduire en justice les milliers de génocidaires en fuite ainsi que ceux qui vivent paisiblement à travers plusieurs pays du monde".
Cette cérémonie a été aussi une occasion pour certains rescapés d'apporter leurs témoignages sur cette tragédie humaine.
Selon une rescapée établie en France, "le génocide contre les Tutsis ne peut pas se raconter tant la douleur et la cruauté ont été fortes". "J'avais treize ans au moment du génocide. Sur les rues, il y a des cadavres, il y avait des barrières, c'était l'enfer. J'ai juste eu la chance d'être cachée chez un voisin Hutu", se souvient-elle en intervenant par visioconférence.
"J'ai vu la maltraitance qu'on faisait aux Tutsis. J'ai vu des petits enfants pleurer parce qu'ils avaient besoin du lait. Je voyais des mamans qui regardaient de gauche à droite mais n'avaient rien à donner aux enfants", a-t-elle ajouté en essayant des larmes qui coulaient le long de ses joues.
Ce génocide est resté selon elle comme une tache indélébile. "Trente ans après, cette douleur est encore vivante. Maintenant, il est important de bien vivre pour nous-mêmes et pour ceux qui ont perdu la vie lors de ce génocide."
Babacar Ndour, venu représenter l'Etat du Sénégal lors de cette cérémonie, a réaffirmé le sentiment de sympathie du peuple sénégalais envers le Rwanda en marge de cette journée commémorant ce moment douloureux.
Il a salué les progrès économiques réalisés par le Rwanda, estimant que le modèle rwandais reste une référence pour beaucoup de pays africains.