Freetown — "C'est mon devoir solennel de Président... de déclarer une urgence nationale sur l'abus de drogues". C'est en ces termes que le Président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, s'est adressé à la population pour annoncer la création d'une task force anti-drogue. Ce nouvel organe sera chargé de la prévention et du traitement des cas de toxicomanie, ainsi que du soutien des services sociaux et des forces de l'ordre dans la lutte contre le trafic de drogue.
Le groupe de travail national antidrogue, qui implique tous les secteurs de la société et est supervisé par un groupe consultatif présidentiel, doit mettre en oeuvre une stratégie en cinq étapes pour garantir ce que le chef de l'État a appelé "un avenir sans drogue".
La forte consommation de drogues, en particulier de 'Kush', une marijuana synthétique qui a des effets dangereux sur la santé, a des effets délétères sur la société sierra-léonaise. En octobre, Caritas Freetown avait lancé un appel pressant au gouvernement pour qu'il agisse "immédiatement en déclarant une urgence sanitaire" face à la consommation galopante de 'Kush' (voir Fides 27/10/2023).
Aujourd'hui, le président Bio semble avoir entendu l'appel à l'action pour tenter d'enrayer un phénomène qui met gravement en péril la santé des Sierra-Léonais et la stabilité sociale de la nation. Sous le nom de "Kush" se cachent en fait des mélanges de différentes substances, aux effets différents mais délétères. Il peut s'agir, outre le cannabis, de Fentanyl et de Tramadol, deux puissantes drogues de synthèse, et même de formol (qui peut provoquer des hallucinations), éventuellement récupéré sur des cadavres embaumés.
La provenance des "ingrédients" de la "Kush" est variée. Alors que le cannabis est largement cultivé en Sierra Leone, le fentanyl proviendrait de laboratoires clandestins en Chine, où la drogue est produite illégalement et expédiée en Afrique de l'Ouest. Le tramadol proviendrait également de laboratoires clandestins situés dans plusieurs régions d'Asie.
Les pays voisins, tels que la République de Guinée et le Liberia, doivent également faire face à la forte propagation de drogues telles que la marijuana, l'héroïne, la cocaïne et le "Kush". Cette dernière est importée de Sierra Leone, tandis que les trafiquants de drogue colombiens ont depuis plusieurs années pris pied en Guinée-Bissau, d'où ils organisent un trafic massif de cocaïne vers l'Europe. Mais avec le temps, un marché pour cette substance s'est également créé en Afrique de l'Ouest.