Madagascar: Ces officiers inconnus au bataillon

Il nous arrive souvent, dans ces Notes, de citer des noms d'officiers, dont certains sont inconnus au bataillon selon l'expression consacrée. Officiers supérieurs qui ont conduit des expéditions guerrières sur les côtes, dans le but d'instaurer dans la Grande ile un seul royaume, celui de la monarchie merina.

C'est ainsi qu'il nous arrive d'évoquer le nom de Ramananolona. Il s'agit d'un cousin germain de Radama Ier qu'il charge, en 1825, de mener l'expédition de Tolagnaro composée de quatre mille hommes.

Depuis 1648, des colons français s'y sont établis et seuls un officier et cinq soldats tiennent la garnison. Ramananolona vient les trouver pour leur annoncer la volonté de son souverain de prendre la ville : « Radama Ier désire pour le bien de l'ile entière en devenir le seul roi. »

Les Français demandent un délai de deux mois. En réalité, ils ne font que temporiser car ils attendent du secours du gouverneur de La Réunion, De Freycinet. Pas du tout dupe, le général Ramananolona décide de s'emparer de la ville le 14 mars 1825. Ne pouvant résister au nombre, les Français sont faits prisonniers et les couleurs françaises remplacées par le drapeau blanc et rouge de Radama.

Pour sa part, Raombalahisolo a à commander en 1835, l'expédition contre les Sakalava de Soalary. Son avancée jusqu'à la baie de Saint-Augustin est des plus aisées. Mais de là, l'officier hova tente vainement de prendre Nosy Ve, ile bien défendue par des Européens.

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Il décide alors de revenir sur ses pas et de rejoindre avec sa troupe l'armée de Rainiharo. Le commandant en chef de l'Armée, avant de devenir Premier ministre de Ranavalona Ire, campe alors à Andriampirenena près de l'Isalo, pour soumettre les Bara insurgés. Ces derniers ont été pourtant déjà soumis par une expédition antérieure. Là aussi les difficultés rencontrées sont telles qu'après avoir mené trois batailles aussi infructueuses que sanglantes, Rainiharo juge mieux de rentrer à Antananarivo avant que ses troupes ne soient décimées.

Rainiharo rencontre, du reste, peu de succès dans ses expéditions. Auparavant, en 1832, il en dirige une de sept mille hommes contre l'Ikongo. Cette forteresse tanala, hissée sur un grand rocher, est impossible à prendre d'assaut et c'est en vain que le commandant en chef de l'Armée en fait le siège pendant sept mois. Même résultat à Ivohibe.

Un qui ne rencontre aucun échec, c'est Razakafidy. Il faut dire qu'il ne mène aucune expédition. Il est le commandant gouverneur de Toamasina sous Ranavalona Ire, lors de l'attaque de cette ville par l'amiral Romain Desfossés et le capitaine Kelly, en 1845. Les efforts conjugués de deux bâtiments de guerre français et d'une corvette anglaise n'arrivent pas à avoir raison de la résistance du fort merina. Aussi, Razakafidy ne manque-t-il pas d'envoyer plusieurs lettres à la reine pour lui annoncer la bonne nouvelle, à savoir « la victoire signalée des Hova ».

En revanche, Rainimiadana, non plus, ne rencontre pas beaucoup de succès. Quinze honneurs, il est un influent dignitaire à la Cour de Ranavalona III. En 1887, le Premier ministre Rainilaiarivony qui n'a aucune confiance en lui, tient beaucoup à l'éloigner d'Antananarivo parce qu'il est compromis dans le complot de 1868. Pour mémoire, ce complot est ourdi dans le but d'élever au trône le prince Rasata, petit-neveu de Radama Ier à la place de Ranavalona II, parce que, semble-t-il, « une reine est toujours faible et ainsi, Rainilaiarivony continuera de détenir tous les pouvoirs ».

Le Premier ministre l'envoie ainsi à Toliara pour soumettre Tompoimanana, prince insurgé des Sakalava du Menabe. Rainimiadana part le 7 avril 1888 avec... quatre cents soldats. Il est évidemment balayé par l'armée sakalava et doit se réfugier à Andranompasika, au Sud-ouest de Morondava.

Le Premier ministre y dépêche alors le jeune prince Ramahatra, beau-frère de Ranavalona III qui soumet Tompoimanana et la région. Depuis, Rainimiadana ne cache pas sa jalousie à l'égard du jeune officier et se montre plus que hautain envers lui.

L'affaire s'aggravant, Ramahatra recourt au tribunal de la reine à Antananarivo et envoie Rainimiadana, sous bonne escorte à Tolagnaro, pour attendre le verdict. L'affaire jugée, l'avis unanime du Conseil le condamne à mort... « pour son orgueilleuse insubordination». Mais quand la sentence parvient à Tolagnaro, le condamné est déjà décédé... dans sa prison!

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