Les prix des médicaments continuent de grimper, semaine après semaine, au grand dam des consommateurs. Cependant, en réponse à une question de Patrick Assirvaden à l'Assemblée nationale la semaine dernière, la ministre du Commerce, Dorine Chukowry, a affirmé que les prix des médicaments avaient baissé de 80 % à la suite de l'introduction du mécanisme de regressive mark up en mai de l'année dernière. Elle a tout de même précisé qu'il y a certains facteurs qui expliquent la hausse des prix qui sont hors du contrôle du gouvernement. Du côté des pharmaciens, l'on maintient que cette mesure a été un coup d'épée dans l'eau.
«Le Galvus Met, médicament pour les diabétiques, ce médicament, Madame la ministre, a augmenté de Rs 325 en quatre mois pour la boîte de 15», a dit le député travailliste à la ministre lors d'une question supplémentaire. Or, les médicaments pour les diabétiques font partie des huit catégories qui sont concernées par la marge de profit réduite. Les raisons de la hausse constante, selon Nitin Busguth, vice-président du Pharmacy Council, sont multiples.
Tout d'abord, depuis la crise de Covid-19, les prix des Active Pharmaceutical Ingredients montent, ce qui fait qu'à l'achat, le produit coûte constamment plus cher. «Puis, la dévaluation de la roupie n'aide pas», dit-il. Il cite l'exemple d'un produit qu'il achète à Rs 100 et le revend à Rs 120. «Mais au prochain achat, le produit coûtera Rs 125. Donc, il faut constamment trouver des fonds pour acheter les produits plus cher que notre précédent prix de vente. Forcément, le prix de vente sera de, disons, Rs 150. Nous n'achetons pas à Rs 100 pour vendre à Rs 150. Nous sommes pris dans cette spirale de survie.»
Cette situation, rappelle-t-il, avait été prédite par les pharmaciens avant l'entrée en vigueur des règlements concernant la marge régressive, mais ils ont quand même été mis devant un fait accompli. Certes, il confirme que des prix qui ont baissé et d'autres se sont stabilisés, mais le problème de la hausse de certains médicaments essentiels est toujours bien présent. La situation est devenue plus difficile avec d'autres mesures qui se sont greffées sur la baisse de la marge de profit. «Peu après, il y a eu une hausse du salaire minimum. Cela s'est rajouté à notre coût de fonctionnement. Nous avons la Contribution sociale généralisée à payer. Et là, un réajustement salarial sera bientôt annoncé. Donc, nos coûts ne font que grimper alors que la marge a baissé», martèle Nitin Busguth.
Solutions
Tout n'est pas perdu. Le pharmacien avance qu'il y a des solutions. Par exemple, l'argent du Covid Fund, qui est utilisé pour financer les drains, entre autres, peut être utilisé des subsides sur certains médicaments. «Ou encore, créer un système calqué sur celui des écoles maternelles. Les pharmacies qui le souhaitent peuvent y souscrire. Les produits seront à ce moment offerts», dit-il. Dans la foulée, il rappelle que le rôle des pharmaciens va bien au-delà de la vente de médicaments. Ils prodiguent aussi les premiers conseils, et sans eux, tout ce monde serait refoulé dans les hôpitaux et dispensaires, ce qui saturerait encore plus le système. Raison pour laquelle il demande aux autorités de se pencher sur le problème avant que les pharmacies ne commencent à fermer. Une autre solution serait de mettre en place un conseiller pour les pharmacies au ministère de la Santé, comme cela avait été le cas dans le passé.
Ces médicaments qui ont augmenté
Amlo Denk 10 mg
· Ancien prix : Rs 558,17 · Nouveau prix : Rs 640,44
Zinnat Tabs 500mg
· Ancien prix : Rs 554,25 · Nouveau prix : Rs 998,60
Doliprane 1000mg
· Ancien prix : Rs 79,77 · Nouveau prix : Rs 88,20
Voltarène Emugel
· Ancien prix : Rs 123,30 · Nouveau prix : Rs 131,95
Ces prix qui ont baissé
Telma 40 Tabs
· Ancien prix : 191,82 · Nouveau prix: Rs 156,27
Benylin 4 Flu Tabs
· Ancien prix : Rs 345,83 · Nouveau prix : Rs 340,12
Recrutement difficile
Un autre problème qui se profile est en lien avec un cours de «Pharmacy Technical Assistant» offert par Polytechnics Mauritius. Sauf que ce poste ne se trouve pas dans la structure de travail. De plus, la question que se pose Nitin Busguth est lorsque quelqu'un vient avec cette formation, quel sera son salaire ? «On ne pourra pas proposer le salaire minimum, le même que pour les 'Shops Assistants'. Ce sera difficile d'employer des gens avec des compétences qui vont rehausser le niveau de service.»