Les candidats à la présidentielle prévue le 6 mai prochain sont montées au créneau une seconde fois en une semaine. Ils protestent face à la multiplication d'affiches électorales géantes à l'effigie de président de transition Mahamat Idriss Déby et de son Premier ministre Succès Masra, tous deux candidats au scrutin du mois prochain.
Ces affiches, on les retrouve à Ndjamena et dans plusieurs villes de province, malgré une directive de l'Agence nationale de gestion des élections (Ange) qui avait « exigé » mardi dernier le retrait immédiat de toutes les affiches posées en violation du code électoral. Mais l'ANGE ne s'est apparemment pas faite entendre.
Pour l'ancien Premier ministre et candidat à la présidentielle Albert Pahimi Padacket, la présence persistante des affiches du président de transition et de son Premier ministre sur les panneaux publicitaires, malgré l'ordre de les enlever est « la preuve que cette structure manque de neutralité et d'indépendance » : « L'Ange est à l'heure service. Ils posent [des affiches] en violation des lois sachant qu'aucune remontrance ne peut leur être adressée. Pour preuve : l'Ange a publié un communiqué demandant à tous les candidats de retirer leurs affiches. Les deux candidats ont continué comme si de rien n'était et l'Ange et bouche cousue et ne peut plus rien dire. »
Du côté de l'Agence chargée d'organiser les élections, on se dit plutôt surpris. Son rapporteur général v assure que l'injonction d'enlever les affiches posées en dehors du cadre légal a été suivi d'effet. « Le matin, on travaille, le soir on rentre, et à ma connaissance, je n'ai pas vu d'affiches visibles ; maintenant s'il y a des gens qui se plaignent, ils n'ont qu'à nous apporter la preuve et nous, au niveau de l'Ange, on va encore rappeler à l'ordre ces candidats ou ces partis politiques qui continuent toujours à violer les dispositions du code électoral », indique Tahir Hassan.
Seule candidate femme du prochain scrutin, Lydie Béassemnda voit tous les jours les affiches électorales des deux personnalités à la tête de l'exécutif, mais elle ne se fait guère d'illusion, dit-elle : « Je ne vais pas perdre de temps à demander à l'Ange de faire quoi que ce soit, parce que l'Ange ne changera pas. Ceux qui ont l'autorité en abusent. »
Des proches du président et du Premier ministre assurent que ces affiches sont le fait de « bureaux de soutien indépendants », et qu'ils leur ont déjà demandé officiellement de les retirer.