Burkina Faso: Ramadan 2024 au pays - La survie comme priorité

Après trente jours de pénitence, les fidèles musulmans du Burkina Faso célèbrent ce 10 avril 2024 l'Aïd el Fitr ou fête de Ramadan. Une célébration qui intervient dans un contexte de persistance de la crise sécuritaire qui dure depuis neuf ans maintenant au pays des Hommes intègres. Preuve de la résilience des Burkinabè qui ont appris, durant près d'une décennie, à vivre avec un phénomène pernicieux qui a la peau dure, et qui entretiennent l'espoir de lendemains meilleurs.

Comment peut-il en être autrement quand on sait qu'en neuf ans, beaucoup d'eau de pluie a coulé sous le pont Kadiogo et la donne a considérablement évolué sur le terrain avec des forces armées nationales qui se sont non seulement renforcées en hommes et en équipements, mais qui ont aussi changé de paradigme en passant résolument à l'offensive pour aller traquer les terroristes dans leurs bases ? Comment peut-il encore en être autrement quand des localités du territoire national jadis sous contrôle des terroristes, ont été libérées des mains de l'ennemi pour réinstaller des populations qui avaient fui pour trouver refuge dans des zones plus sécurisées ? C'est dire si dans la lutte contre le terrorisme, des progrès sont indéniables, même si la bête immonde est encore loin d'être vaincue.

Il y aura une pensée pour les nombreux déplacés internes

Et elle s'avère d'autant plus coriace que de l'Est du pays à la Boucle du Mouhoun en passant, entre autres, par le Centre-Nord et le Nord, la pieuvre tentaculaire continue d'enserrer les populations de son étreinte mortelle malgré les énormes pertes à elle infligées par nos vaillantes forces combattantes. Et c'est dans ce contexte de reconquête générale du territoire national que les Burkinabè célèbrent le Ramadan 2024 qui se tient aussi dans un contexte de renchérissement du coût de la vie. Avec une activité économique qui tourne au ralenti, l'argent qui se fait rare et une situation sécuritaire qui mobilise toujours les énergies, autant dire que les Burkinabè sont à la peine, pour ne pas dire, qu'ils trinquent, au point de ne pas avoir véritablement l'esprit à la fête.

Et pour ne rien arranger, la canicule s'est invitée au débat avec des températures qui frôlent parfois les 46 degrés, rendant encore plus pénible ce mois de jeûne dont la fin n'est pas loin d'être un véritable soulagement pour de nombreux fidèles musulmans. Mais qu'à cela ne tienne. Depuis quelques années, les fêtes religieuses se suivent et se ressemblent au Burkina où au-delà de la ferveur religieuse, elles constituent des moments privilégiés de communion et de partage. Et cette année encore, il faut s'attendre à trouver aux côtés des fidèles musulmans, sur les différents lieux de prières, des leaders d'autres confessions religieuses venus prier ensemble « pour le retour de la paix » qui reste aujourd'hui encore la préoccupation majeure et le voeu le plus cher des Burkinabè. Une communion de coeur et d'esprit, qui reste le symbole fort de cette coexistence pacifique inter-religieuse qui résiste au temps depuis quelques années au Burkina Faso et fait la fierté de son peuple.

Les Burkinabè gardent espoir qu'Allah ramènera la paix dans leur pays

C'est dire si c'est une fête qui est aussi célébrée sous le signe de la cohésion sociale dont les ruptures collectives de jeûne pendant ce mois de carême, en sont des signes visibles et encourageants, au moment où l'ennemi cherche désespérément à semer la division, en surfant sur des concepts aussi sensibles que l'ethnie et la religion, et en usant de la perfidie pour essayer de dresser les Burkinabè les uns contre les autres. Toujours est-il que cette année encore, il y aura une pensée pour les nombreux déplacés internes qui, dans leur fuite, ont été obligés de tout abandonner derrière eux pour ne vivre aujourd'hui, pour la plupart, que de la solidarité de leurs compatriotes. En tout état de cause, au regard du contexte, tout porte à croire que c'est dans la sobriété que les Burkinabè célébreront le Ramadan 2024.

Et au regard de la persistance de la crise sécuritaire qui appelle aujourd'hui plus qu'hier à la résilience dans un contexte de morosité économique et de cherté du coût de la vie, c'est peu de dire, pour paraphraser l'artiste, que « la vie est dure au Faso ». Mais les Burkinabè gardent espoir qu'Allah ramènera la paix dans leur pays. En tout cas, comme le disait le chef de l'Etat lui-même, le capitaine Ibrahim Traoré, à sa prise de pouvoir, « tout est urgent ». Mais dans l'urgence, la priorité reste la survie...en attendant des jours meilleurs et surtout la libération totale du pays.

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