Sénégal: Dépolitisation de l'espace universitaire, logements, conditions d'études - Des priorités pour les étudiants de l'UCAD

Dakar — Dépolitisation de l'espace universitaire, amélioration des conditions d'études et logements sont des questions sur lesquelles des étudiants de l'université Cheikh Anta Diop (UCAD) disent attendre beaucoup du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye.

Avec El Hadj Abdourahmane Diouf aux commandes du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, un pur produit de l'université sénégalaise, ils espèrent se "faire entendre par quelqu'un qui connaît le milieu pour l'avoir fréquenté avec son lot de réalités".

Aussi les étudiants rencontrés par le reporter de l'APS exposent-ils volontiers les défis auxquels il devra face une fois installé dans ses nouvelles fonctions.

Pour Ousseynatou Baldé, étudiante à la faculté de médecine, pharmacie et d'ontologie, les étudiants attendent du nouveau ministre "des changements notoires" dans la plus grande université du pays.

Assise sur un banc dans un jardin botanique situé près du rectorat, les yeux rivés sur son cours, la jeune étudiante plaide pour "l'érection de nouveaux amphithéâtres et le renforcement des équipements dans les laboratoires de sa faculté".

A cause d'un déficit de matériels dans les laboratoires, les étudiants trainent des lacunes dans leurs travaux pratiques, déplore Fatou Ndiaye, une camarade de faculté d'Ousseynou Baldé, assise non loin de là.

On fait "trop de théorie et pas assez de pratique en faculté de médecine et c'est dommage", fustige-t-elle, les bras croisés, des documents de cours posés sur ces genoux.

Ahmidou Dramé, étudiant en master 2 à la faculté des sciences politiques et juridiques, pense que l'Etat doit non seulement augmenter la capacité d'accueil de l'université, mais aussi "privilégier les formations qualificatives en adéquation avec les besoins du secteur privé ou le marché de l'emploi".

Le rétablissement d'un calendrier académique normal (octobre-juin) est aussi une demande pressante sur laquelle Abdourahammane Diouf devra se pencher rapidement, selon l'étudiant.

Une préoccupation qui épouse celle d'Ababacar Mbathie, étudiant à la faculté des sciences juridiques et politiques. Il estime qu'Abdourahammane Diouf doit surtout oeuvrer à "la restauration du calendrier universitaire dont l'irrégularité ne profite pas" aux étudiants.

Le jeune étudiant rencontré dans le jardin du rectorat alerte par ailleurs sur les retards de paiement des bourses, source récurrente d'échauffourées entre étudiants et forces de l'ordre.

La question de l'hébergement est aussi une préoccupation centrale pour les étudiants de l'UCAD.

"Je quitte la banlieue tous les jours pour venir ici à l'université, et c'est très difficile avec les bouchons", indique Mame Diarra Sarr, étudiante à la faculté des sciences et techniques.

"A cause des embouteillages, il arrive que nous rations les cours et les professeurs ne sont pas parfois compréhensibles", déplore-t-elle sous le regard approbateur de ses camarades, assises sous un arbre, dans l'enceinte de la faculté de droit.

Son camarade de faculté, Bamba Niang, appelle le nouveau ministre de l'Enseignement supérieur et de l'Innovation à veiller à ce que l'attribution des quotas de logement profite aux plus méritants.

"Nous remarquons que le quota social est plus considérable. Les délégués des amicales s'attribuent plus de chambres au détriment des autres ayant-droits", dénonce le porte-parole du Mouvement des étudiants de l'UCAD.

Le jeune syndicaliste invite par ailleurs la tutelle à "dépolitiser l'espace universitaire", insistant sur le fait que c'est la politique qui est à l'origine de certaines crises à l'université Cheikh Anta Diop de Dakar.

Une préoccupation que partage sa camarade Fatou Kiné Diallo, étudiante en troisième année de pharmacie.

"On est resté neuf mois sans apprendre. Mon souci majeur, c'est que l'université ne soit pas impliquée forcément dans les activités politiques", lance-t-elle.

Formé vendredi par le Premier ministre Ousmane Sonko, le premier gouvernement de l'ère Bassirou Diomaye Faye compte 25 ministres et cinq secrétaires d'Etat.

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