Togo: Les députés Ufc auraient-ils trahi la volonté de Gilchrist Olympio ?

interview

Le débat se poursuit au sein de l'opinion sur l'opportunité ou non de la révision constitutionnelle qui fera passer le Togo du régime semi-présidentiel au régiment parlementaire avec l'élection au suffrage universel indirect du Chef de l'Etat et du Président du Conseil.

Dans cette tempête de commentaires, soit pour soutenir le processus ou pour le dénoncer, plusieurs informations circulent dont celles selon lesquelles les députés de l'Union des forces de changement (UFC) auraient été instruits par leur Président national Gilchrist Olympio de voter contre le texte. Une consigne que les élus ont finalement violée en votant favorablement pour la révision constitutionnelle.

Que s'était-il réellement passé ? Cette allégation est-elle vraie ou fausse ? N'est-ce pas un travail mal fait si le Chef de l'Etat a demandé la relecture du texte ?

Le 2ème vice-président de l'Ufc, Sénau Koku ALIPUI répond ici aux questions pour apporter des clarifications.

N'est-ce pas un remord pour vous d'apprendre que le Chef de l'Etat demande la relecture du texte voté à travers des consultations actuellement en cours ?

Sénanu ALIPUI : Nous l'avons accueilli comme une opportunité de parfaire un travail consensuel que nous avions déjà fait puisque dans sa mouture originale, le texte a reçu près d'une quarantaine d'amendements de la part de l'opposition parlementaire. Et donc ce n'est pas le signe d'un travail mal fait. Le Chef de l'Etat a donc voulu que ce consensus soit beaucoup plus large et nous allons à l'écoute afin de parfaire ce qui a été fait.

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C'est une question qui a suscité beaucoup d'attentions au niveau de l'opinion publique. Et au nom du contrat social qui lie les Togolais, il vaut mieux faire les choses d'une façon inclusive. Oui, nous sommes favorables à un plus large consensus. Mais nous sommes aussi conscients de ce que cela ne veut pas dire unanimité

Selon certains dires, vous auriez trahi la consigne de vote de Gilchrist Olympio. Pourquoi avez-vous faut cela ?

Senanu Alipui : Ce n'est pas vrai cette histoire, c'est absolument faux. Nous avons personnellement parlé avec Monsieur Gilchrist Olympio plusieurs fois sur ce sujet. Et donc c'est sur son instruction directe que nous avons voté favorablement pour cette révision constitutionnelle après les amendements apportés.

Alors, depuis Gilchrist Olympio à vous les dépités, qu'est-ce qui justifie cette conviction chez vous ?

Senanu Alipui : Nous sommes en train de changer de système en passant d'un système semi-présidentiel à un système parlementaire. Tout comme le découpage, c'est un combat que nous menons depuis 2010, sauf que nous n'avons jamais eu de gain de cause jusqu'ici. Avec l'accord politique intervenu avec le régime, nous parlions d'un régime semi-présidentiel tempéré ou parlementaire.

Le volet découpage a trouvé un début de solution récemment et maintenant c'est le changement de régime. A vrai dire, nous ne nous y attendions pas du tout et donc nous prenons la balle au bond en procédant à une trentaine d'amendements sur le texte. Certes, nous ne sommes pas porteurs de cette proposition et nous n'y avons pas non plus été associés. Mais ce n'est pas pour autant qu'il faudra jeter le bébé avec l'eau du bain

Alors, le texte que nous avons eu est un consensus à minima. Après on va penser à l'améliorer. Raison pour laquelle nous souhaitons que les populations votent massivement pour nous afin de pouvoir faire les ajustements futurs qui sont aussi nécessaires pour rendre cette Constitution encore plus praticable.

Quand nous lancions en 2010 cette idée de régime parlementaire, c'est comme une des pistes de solution pour contrer les récurrentes crises toujours issues des élections. On s'est focalisé sur un seul poste et sur la même personne au point qu'après chaque élection présidentielle, on se tiraille jusqu'à l'approche d'une nouvelle présidentielle. Avec ce régime, il suffira juste de faire des élections législatives et après laisser le parlement faire le reste du travail au nom du peuple.

Vous dégagez une certaine conviction malheureusement critiquée par vos collègues de l'opposition parlementaire. Cela ne vous dit-il rien ?

Sénanu Alipui : Je pense que la réponse à cette question est que la vérité viendra d'elle-même. Bref, s'ils estiment que la Constitution pour laquelle nous venons de voter n'est pas bonne, il n'y a aucune raison qu'ils continuent à participer à un processus électoral qui va les mener à un régime parlementaire.

Nous entendons les gens dire que nous sommes juste en train de dire que nous gérons les affaires courantes et donc nous n'avons pas cette possibilité d'aller jusqu'à la révision constitutionnelle. A la différence du gouvernement où les gens sont nommés, ici il s'agit de l'assemblée nationale et nous sommes élus. Jusqu'à la preuve du contraire, aucun texte ne dit que nos pouvoirs sont réduits en ces moments. Donc, jusqu'au jour où les nouveaux députés vont tenir leur session de plein droit après la proclamation des résultats définitifs, la législature sortante est compétente à légiférer comme elle l'a toujours fait.

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