L'Aïd El Fitr qui marque la fin du mois de ramadan sera célébrée mercredi 10 avril dans la plupart des pays du monde musulman. À Paris, une partie des diasporas s'active pour envoyer de l'argent à leurs proches restés au pays, comme pour de nombreux sénégalais rencontrés dans le quartier de Château Rouge et à Montreuil.
Rue Myrha, dans le quartier historique de la diaspora africaine à Paris, les commerces sont bondés. Ousmane Diallo se fraie un chemin pour sortir d'une boutique de transfert d'argent. Dans sa main, il tient une feuille avec inscrit les noms et prénoms d'un de ses proches au Sénégal ainsi qu'un code secret : c'est le reçu de la somme de 200 euros qu'il a fait parvenir à ses parents à Dakar. « Je me suis préparé en conséquence, je savais que la fête, c'était dans un mois, un mois et demi, j'ai mis de côté et c'est quelque chose que j'ai envoyé pour aider, explique-t-il. Comme nous sommes ici, on pense à la famille qui est là-bas, pour qui c'est un peu dur. Tour ce qu'on peut faire pour aider, on le fait, ne serait-ce que pour partager et que la fête soit belle pour tout le monde. »
« Tout africain qui est là, il est soutien de toute une famille, de tous tes proches, au bled, explique Ousmane Diallo. Raison pour laquelle parfois, on se serre la ceinture ici pour pouvoir aider au pays. Quand je dis serrer la ceinture, c'est de se priver de certaines choses qui ne sont pas aussi vitales, mais tout ce qui est vital qu'on doit faire ici, on le fait. »
Ousmane Diallo n'a pas le sentiment de se priver au détriment de ses proches au Sénégal, même si malgré tous ses efforts, il ne célébrera pas lui-même la fête de la Korité, du nom donné au Sénégal à la journée qui marque la fin du ramadan : « Moi, je serai au travail, j'ai une vacation à faire le jour de la fête, mais je suis habitué à cela. Mais s'ils sont contents (au Sénégal), je suis content. »
Une fête modeste en France pour aider la famille au Sénégal
Devant une boucherie rue de Paris, à proximité de la Porte de Montreuil, Ibrahima Sarre attend son tour pour acheter quelques morceaux de viande. Lui va célébrer modestement la fête de la fin du ramadan, également appelée Aïd El Fitr : une partie de ses économies, soit 600 euros, étant destiné à sa femme et ses enfants vivant au Sénégal.
« J'ai envoyé 400 000 francs CFA, soit presque 623 euros avec les frais, explique-t-il. L'Aïd, c'est comme ça, et on est en France pour travailler et envoyer au pays. » Avant de poursuivre : « Je fête ici, mais je suis tout seul. C'est triste, mais on n'a pas le choix. Et aussi la fête, c'est quelque chose de très important pour nous, c'est une grande fête pour notre culture, c'est la fête des musulmans aussi donc voilà, j'ai envoyé à la famille, ma femme, mes enfants, cousins, cousines, tatas et voilà. »
En cette veille de fête, Ousmane Fall n'en oublie pas moins l'aspect spirituel : « Si je fais le total de tout ce que je dois envoyer, cela tourne autour de 500 euros. De toute façon, c'est comme cela. Quand tu envoies de l'argent à quelqu'un, il est obligé de t'envoyer des bénédictions. Nous, c'est tout ce qu'on attend d'eux. »
Cet argent servira aussi à acheter de la nourriture, des vêtements ainsi que des cadeaux pour les plus petits. Plus qu'une contrainte, les transferts d'argent pour que l'Aïd El Fitr soit belle et dignement célébrée au pays sont un sacerdoce pour les travailleurs sénégalais d'Île-de-France