Au Sénégal, après dix mois d'arrêt, la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, en Casamance, dans le sud du pays, a repris mardi 9 avril au soir. Les rotations avaient été arrêtées au lendemain des violentes émeutes début juin déclenchées par l'arrestation de celui qui était alors le leader de l'opposition, Ousmane Sonko, isolant encore un peu plus la Casamance du reste du pays. Désormais, les allers-retours vont reprendre deux fois par semaine.
Dernier contrôle des tickets avant d'embarquer. En file indienne, chacun serre son sac ou son cabas sur l'épaule, alors que des « Bonsoir, bienvenue à bord » fusent. Près de dix mois après son dernier voyage en bateau, une jeune mère qui tient son fils par la main se sent soulagée : « On était vraiment fatigués par la route. C'est difficile de voyager, surtout avec un enfant. Le bateau nous facilite la tâche ». Yaya Balde, originaire de Casamance, dans le sud du Sénégal, abonde, la liaison en bateau est cruciale. « J'attendais ce moment avec impatience, car c'est un moyen d'aider les populations du sud à mener leurs activités, savoure-t-il. Le commerce est très compliqué par la route ».
Ziguinchor à 450 km au sud, ses mangues et ses noix de cajou ne sont reliés à Dakar que par une longue et très mauvaise route, la Casamance, poumon agricole du pays, étant aussi très enclavée. Pour Nafissatou aussi, le bateau est donc crucial. « C'est moins cher », résume-t-elle, laconique. Sept euros la place assise, 18 euros la cabine et la possibilité de stocker jusqu'à 220 tonnes de fret, voilà ce que propose la liaison. Ce prof de sport, qui s'apprête à rejoindre sa famille en Casamance, se réjouit de la fin d'une injustice. « Il n'y a que le bateau qui puisse pousser l'économie de la Casamance. Parce que les marchandises qu'il peut contenir, les voitures ne peuvent pas le prendre. Et le prix est plus abordable par bateau. C'était injuste d'arrêter la liaison, vraiment. »
Au total, 280 passagers de Dakar arriveront vers 10 h ce matin en Casamance. Ils pourront faire l'aller-retour deux fois par semaine. Un second bateau, qui transporte jusqu'à 400 tonnes de fret, devrait également reprendre du service dans les prochaines semaines.