Une quarantaine de quartiers de Conkary ont été plongés dans le noir après un incendie à la centrale électrique de la capitale et la rupture d'un câble. Avant cela, la Guinée était également affectée par le manque de mazout après l'explosion du principal dépôt d'hydrocarbures en décembre. Mais ces dysfonctionnements ne sont que les derniers d'une très longue série qui dure depuis des décennies.
Pour les citoyens âgés de moins de 30 ans, majoritaires dans le pays, le courant n'a presque jamais pris en Guinée : les habitants ont connu de sérieux délestages toute leur vie. Après des années d'une économie nationalisée en quasi-totalité sous le président Sékou Touré, son successeur Lansana Conté lance le chantier du premier grand barrage hydroélectrique. Garafiri a été mis en service en 1999 mais était insuffisant pour alimenter la seule capitale Conakry.
Il faut attendre 16 ans et l'élection du président Alpha Condé pour voir s'ériger les barrages Kaléta et Souapiti. Ceux-ci sont présentés comme la solution au problème d'énergie de la région du Grand Conakry. L'amélioration est réelle, la lumière est disponible 24 heures par jour, 7 jours sur 7, mais elle dépend beaucoup de solutions ponctuelles, comme l'utilisation de groupes électrogènes géants. Ceux-ci sont efficaces, mais extrêmement coûteux.
Depuis 2010, au moins quatre directeurs se sont succédé aux rênes de l'entreprise publique Électricité de Guinée (EDG), tous limogés par la présidence pour leur gestion jugée mauvaise. La compagnie est actuellement dirigée par un intérim depuis le licenciement du dernier directeur par le président Mamadi Doumbouya à la mi-mars.
Deux jours auparavant, une importante coupure a plongé la quasi-totalité de la capitale dans l'obscurité provoquant plusieurs émeutes. Et sur ces difficultés chroniques de desserte en énergie, l'Union de la défense des consommateurs de Guinée fustige l'absence de plan et de vision des autorités qui se sont succédé à la tête du pays. Elle dénonce également la communication et la sensibilisation de l'entreprise publique Électricité de Guinée (EDG), jugée « irresponsable » par le président de l'Union M'bany Sidibé.