Les tonnes de béton du centre culturel Barbican, à Londres, sont recouverts de 2 000 m² de tissu magenta. C'est une nouvelle création massive de l'artiste ghanéen Ibrahim Mahama. Intitulée « Hibiscus pourpre », en hommage au roman de la Nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, cette installation a été conçue à Tamale, au nord du Ghana, à l'issue de cinq mois de travail d'un millier d'artisans. Si cette oeuvre innove dans le matériau, ce n'est pas la première fois qu'Ibrahim Mahama enveloppe des bâtiments.
Dès le début des années 2010, l'artiste ghanéen enveloppe à Accra plusieurs étals de marchés et bâtiments, avec des sacs de jutes. Son message : dénoncer les travers de la mondialisation, en cousant entre eux ces sacs utilisés qui ont été utilisés partout sur le globe pour transporter du cacao, du riz ou du charbon.
Ibrahim Mahama pousse cet art à son paroxysme en 2015 : invité à la Biennale de Venise, l'artiste fait sensation en recouvrant le bâtiment d'exposition, là aussi de sacs de jutes.
À 36 ans, l'artiste né à Tamale, au nord du Ghana, fait en réalité honneur aux matériaux de récupération, en général : il sculpte, construit et assemble du wax, du mobilier colonial, de vieilles chaussures ou d'anciens rails. Le tout, pour rappeler l'histoire de son pays.
Pour son installation londonienne, Ibrahim Mahama a fait le choix d'incorporer des Batakaris, ces habits traditionnels que l'on se transmet de génération en génération. Il les transmettra, in fine, à la jeunesse de son pays : c'est ça le plus important pour Ibrahim Mahama. C'est la raison pour laquelle il a créé plusieurs centres culturels à travers le Ghana.