Ile Maurice: Comment résoudre une équation impossible

La rencontre d'hier entre les trois leaders, à Riverwalk, devenu le lieu de culte par rapport aux alliances et mésalliances entre les principaux propriétaires de parti, s'est tenue, cette foisci, sans tambour ni trompette !

L'opposition parlementaire PTr-MMM-PMSD a enfin compris qu'il lui faut désormais laver son linge taché entre soi avant de le porter vers sa famille respective ou de l'étendre sur la place publique et les réseaux sociaux, où tout peut prendre une dimension inouïe, incontrôlable. Au fond, Ramgoolam, Bérenger et Duval réalisent progressivement que les soubresauts de ces derniers jours, qui font la Une des journaux, ne jouent pas en leur faveur et provoquent surtout une démobilisation de leurs troupes respectives sur le terrain à trois semaines d'un 1eᣴ-Mai sur lequel cette même opposition parlementaire misait pour embrayer la vitesse supérieure, avant la bataille finale des élections générales.

Si plusieurs électeurs dépités par le triste spectacle ne vont pas forcément rejoindre les rangs du régime en place, ils risquent, en revanche, de grossir les rangs des indécis ou flottants. En revanche, les points que perd le trio PTr-MMM-PMSD en essayant de sceller son équation impossible * va faciliter la vie du MSM (qui peut enfin souffler et qui rit que le rapport de l'Audit soit relégué au second plan des actualités) et de ses partis-satellites, qui sont, eux, déjà sur le terrain, avec de formidables ressources financières et l'appareil d'État.

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Pour nos lecteurs, les problèmes qui surgissent au sein de l'opposition parlementaire sont souvent des fois identiques, ou similaires à s'y tromper, entre les reproches fréquemment formulés contre la majorité (népotisme, copinage, lentilles ethniques, manque de vision commune). Mais les dirigeants politiques qui tentent d'accoucher aux forceps, eux, ont une autre perspective. Il leur faut ratifier entre eux-mêmes la formule 35/17/8, même si elle leur paraît imparfaite, et les autres principaux postes, tenir le meeting du 1er ensemble, avant de discuter des idées et des projets qui seront repris dans leur programme gouvernemental. Le sentiment général, c'est qu'ils sont davantage intéressés à placer des hommes et des femmes dans les différentes circonscriptions et positions que de révéler le contenu de leur projet de société.

Pour débloquer la situation, Xavier-Luc Duval, qui est bien parti pour faire monter les enchères, a proposé des alternatives, en vain. Il s'est dit disposé à aller au Réduit mais Ramgoolam et Bérenger ont déjà promis ce poste constitutionnel à la tête de l'État à un représentant d'une caste hindoue alors que le leader de l'opposition n'était même pas au courant de ce choix. Alors, le leader du PMSD a réclamé le poste de speaker de l'Assemblée nationale, mais ce poste a été réservé au MMM, qui ne veut pas s'en départir, du moins pour le moment. Reste le poste d'Attorney General, mais celui-ci n'est pas sur la table des discussions aurait martelé Navin Ramgoolam.

Le leader des Rouges cède légèrement afin de ne pas pousser le PMSD dans les bras du MSM. Il a proposé quelques aménagements, dont le poste de vice-président, poste qui pourrait aller au consensuel banquier, Azad Domun, qui n'est pas demandeur, mais qui est devenu un symbole en raison de sa longévité dans l'environnement stratégique des partis politiques.

À ce stade, rien n'est finalisé, mais l'alliance a repris ses discussions après le dead-lock de la semaine dernière, où chacun voulait camper sur ses positions. Jusqu'au meeting du 1eᣴ-Mai, voire jusqu'au Nomination Day, tout peut se produire, tellement la situation demeure volatile. Bien d'autres acteurs pourraient aussi monter au créneau. Des crises internes, alimentées par ceux qui n'auront pas de tickets, pourraient éclater. D'autres scissions fraternelles sont prévisibles alors que l'on finalise la liste des candidats/circonscriptions. Des revirements de situation aussi. Des règlements de comptes entre factions rivales aussi. Accrochezvous, vous n'avez pas encore tout vu...

* L'«équation impossible» est le titre de notre éditorial en date du 25 mars, dans lequel on soulignait : «Pour retrouver le pouvoir politique, Navin Ramgoolam doit composer avec des intérêts contraires, c'est-à-dire ménager le chou bleu et la chèvre mauve. Tout un travail de coordination et de dextérité pour la vache rouge. Le batelier n'a pas droit aux fausses manoeuvres, l'équilibre étant précaire, et l'adversaire reste aux aguets, pour saborder l'embarcation.»

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