Le gouvernement malgache semble observer une prudence de sioux concernant le statut de l'ambassadrice de l'Union européenne, Isabelle Delattre. Des spéculations abondent quant à son avenir diplomatique à Madagascar, alors que les autorités observent un mutisme prudent sur la question.
La controverse a éclaté la semaine dernière lorsque les médias ont commencé à couvrir les tensions entre Isabelle Delattre et le gouvernement. Bien que le ministère des Affaires étrangères ait été signalé comme ayant demandé son départ, le gouvernement a choisi de garder le silence sur cette affaire délicate. Hier, sur les ondes de la radio française RFI, le porte-parole du gouvernement, Lalatiana Rakotondrazafy, a évité de donner des détails concrets, se contentant de dire que le gouvernement n'avait pas encore fait de déclaration officielle à ce sujet.
Départ immédiat
Interrogée par une journaliste française de la chaîne sur la possible expulsion d'Isabelle Delattre, la porte-parole a déclaré qu'aucune déclaration n'avait été faite pour la désigner comme persona non grata, minimisant ainsi les spéculations qui abondent. « Si une personne avait été déclarée non grata, elle n'aurait plus été en poste dans le pays » a précisé une source auprès du ministère des Affaires étrangères. Cependant, malgré ces déclarations en apparence mesurées, il semble que le flou entourant le sort de l'ambassadrice demeure.
Bruxelles
Les informations contradictoires continuent d'alimenter les spéculations et entretiennent la confusion dans cette affaire. En haut lieu, on préfère jouer sur les mots pour montrer la prudence. Certaines sources ont insinué qu'Isabelle Delattre serait sur le point de quitter Madagascar dans les mois à venir, tandis que certains titres locaux ont rapporté que son départ est déjà « acté » à la demande du gouvernement malgache, rapportant les propos des journaux français qui ont abordé le sujet. Son départ serait donc « demandé » et Bruxelles aurait été même saisie sur la question. Jointe au téléphone par la rédaction, la directrice de la communication du ministère des Affaires étrangères a refusé, hier, de commenter le sujet.
Ingérence
En tout cas, la position de l'ambassadrice de l'Union européenne sur certains sujets contraste avec celle du gouvernement actuel. Sa sortie médiatique du mois dernier, au cours de laquelle elle a critiqué ouvertement une nouvelle loi controversée sur la castration, a déclenché une série de réactions hostiles au sein du régime. Isabelle Delattre a qualifié cette loi de contraire à la Constitution malgache, ce qui lui a valu des accusations d'ingérence dans les affaires intérieures du pays. Cette prise de position a incontestablement détérioré ses relations avec l'exécutif, et elle a même été rappelée à l'ordre par la ministre des Affaires étrangères. Isabelle Delattre a été convoquée par Rafaravavitafika Rasata, le jeudi 29 février dernier, pour lui faire part de la contrariété de l'exécutif après les déclarations publiques de la diplomate.
Téléguidé
Le cas de Christine Razanamahasoa a été aussi abordé par le porte-parole du gouvernement sur RFI. Elle a défendu la décision de la Haute cour constitutionnelle qui a prononcé la déchéance du mandat parlementaire de l'ancienne présidente de l'Assemblée nationale. Christine Razanamahasoa a, quant à elle, riposté, toujours sur les ondes de RFI.
« J'ai été choquée par ce procès qui s'est déroulé avec une célérité inhabituelle. Une célérité suspecte. On m'a accordé seulement 48 heures après la notification de requête en déchéance pour préparer ma défense. Ceci nous fait croire que c'était un procès téléguidé, un procès expéditif et qu'il fallait à tout prix déchoir Christine Razanamahasoa de sa qualité de députée et la destituer du perchoir de l'Assemblée nationale, sans même m'avoir accordé l'occasion de présenter ma défense. Le régime a l'habitude d'agir de cette sorte. Ce sont des actions au forcing, parce que la HCC, quand elle tranche, le fait en dernier ressort, il n'y a plus de recours possible. Et je crois qu'elle profite de ce caractère qui est reconnu à sa décision, pour se prononcer de la sorte, de manière que personne ne puisse contester » a déploré l'ancienne patronne de la Chambre basse.