Les commémorations du 30e anniversaire du génocide perpétré contre les Tutsis se poursuivent cette semaine. À Kigali, une marche du souvenir s'est tenue aujourd'hui dans l'après-midi. Une marche en rappel notamment de l'abandon de la communauté internationale : le 11 avril 1994, près de 2000 Tutsis sont tués après le repli d'un contingent belge de la Minuar.
Au départ de l'ancienne école technique officielle, plusieurs milliers de participants défilent derrière les banderoles Kwibuka, « se souvenir » en kinyarwanda. Parmi eux, Jean-Baptiste Gahunije, habitant du quartier, qui participe à la marche chaque année.
« Nous sommes venus ici pour dire à nos frères qui sont morts, nous sommes là, on se rappelle de vous, parce que vous êtes morts à cause de cette mauvaise politique. Tous les Tutsis se sont réfugiés ici, il y avait l'ONU qui était là. L'ONU est partie, et les Tutsis ont été tués ici par des Hutus. »
Un contingent belge des Casques bleus était stationné dans l'école jusqu'au 11 avril avant d'être redéployé à l'aéroport pour aider l'évacuation des étrangers, laissant derrière eux des milliers de Tutsis. La marche, organisée chaque année, retrace la route que les miliciens, ont le même jour, forcés leurs victimes à emprunter, explique Philibert Gakwenzire, président d'Ibuka,
« C'est un rappel de la défaillance de la communauté internationale. Les Tutsis ont été abandonnés par les Casques bleus. Puis les Interahamwe les ont fait marcher à partir de cet endroit. Ils les ont fait monter pas mal de kilomètres. À la fin de la journée, dans une forêt qui se trouvait là-bas, ils ont commencé à les massacrer. »
Un massacre de près de 2 000 personnes sur ce site transformé en mémorial où se termine cette marche du souvenir.
A cet endroit, des milliers de Tutsis sont venus se réfugier auprès du déploiement de l'ONU. Mais ils ont été abandonnés à la mort. Donc nous venons ici tous les ans pour montrer notre compassion et leur rendre hommage, mais aussi pour se souvenir que la communauté internationale a laissé des Rwandais mourir.