Rwanda: Mieux prévenir les génocides

La Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, Mme Alice W. Nderitu, participe aux côtés des Rwandais et d'autres à la commémoration des 30 ans du génocide perpétré contre les Tutsi

La Conseillère spéciale des Nations Unies pour la prévention du génocide, Alice Wairimu Nderitu, a assisté cette semaine à Kigali à la commémoration du 30ème anniversaire du génocide contre les Tutsi au Rwanda. Elle a appelé à plus d'efforts dans la prévention et l'arrêt des dynamiques qui peuvent conduire à la commission de génocides à l'avenir.

Mme Nderitu a rendu hommage aux victimes et aux survivants du génocide, dont les vies, les rêves et les aspirations ont été interrompus ou irrévocablement altérés par une violence insensée, alimentée par des discours de haine et fondée sur des appels explicites à la destruction d'un groupe entier, sur la base de son identité.

Plus d'un million de personnes ont été délibérément et systématiquement tuées en moins de trois mois au Rwanda il y a 30 ans.

"Notre engagement à honorer les victimes du génocide de 1994 contre les Tutsi, au cours duquel des Hutu et d'autres opposants ont également été tués, exige que nous fassions tout ce qui est en notre pouvoir pour prévenir et arrêter les dynamiques qui peuvent conduire à la perpétration d'un génocide. En matière de prévention, nous devons faire plus et mieux", a déclaré Mme Nderitu dans son discours.

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Elle a ajouté : "Honorer signifie aussi accepter nos responsabilités. La commémoration du génocide contre les Tutsi au Rwanda nous rappellera toujours notre incapacité collective à prévenir, malgré les signes évidents de ce qui se préparait. Nous n'avons pas réussi à protéger ces civils innocents parce que nous n'avons pas su reconnaître les signes avant-coureurs d'une violence imminente", a-t-elle souligné, ajoutant que la principale leçon à tirer est que "la première ligne de réponse doit intervenir bien avant que la violence ne soit imminente".

L'adjectif "précoce" est souvent associé à la notion d'alerte, qui est essentielle, mais il n'accompagne pas suffisamment la notion de réponse. Le coût de cette lacune, lorsque le risque est trop élevé, peut être insupportable".

Au Rwanda et dans le monde entier, la période KWIBUKA - période de deuil et de commémoration des victimes du génocide de 1994 contre les Tutsi - est observée d'avril à juin.

Hommage aux soldats belges morts au combat

À Kigali, Mme Nderitu s'est également jointe à d'autres représentants des Nations Unies et au corps diplomatique pour prononcer un discours lors d'une commémoration en l'honneur des dix soldats de la paix belges qui ont perdu la vie au cours du génocide contre les Tutsis.

"Alors que nous réfléchissons à l'héritage de ces héros tombés au champ d'honneur, renouvelons notre engagement envers les principes de paix, de tolérance et de compréhension. Efforçons-nous de construire un monde où les conflits sont résolus par le dialogue et la diplomatie", a déclaré Mme Nderitu.

Elle a également fait écho à l'engagement du Secrétaire général des Nations Unies de s'opposer à toutes les formes de haine et de discrimination, dans un monde où les pulsions les plus sombres de l'humanité sont à nouveau réveillées par les voix de l'extrémisme, de la division et de la haine.

Au cours de sa visite, Mme Nderitu s'est également penchée sur l'histoire de la reconstruction et de la réconciliation du Rwanda au cours des 30 dernières années, tout en soulignant les dangers de la montée du négationnisme du génocide.

"La réconciliation signifie rejeter le déni des génocides et des crimes de guerre, ainsi que tout effort visant à glorifier les criminels de guerre condamnés. Cela signifie également reconnaître la souffrance de toutes les victimes et ne pas leur attribuer une culpabilité collective. Au Rwanda, cela signifie accepter que le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ait établi de manière concluante qu'un génocide a été commis contre les Tutsis. Cela constitue un pas important vers la responsabilisation, la promotion de la paix et de la stabilité et la réconciliation au Rwanda", a-t-elle souligné.

Elle a également fait remarquer que la majorité des jeunes Rwandais étaient nés juste avant ou juste après le génocide, et que leur engagement en faveur de la paix et de la prospérité porte la promesse du "plus jamais ça", non seulement au Rwanda, mais dans le monde entier.

La participation de Mme Nderitu à cette commémoration du 30e anniversaire marque la deuxième visite officielle du conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide au Rwanda, un pays intimement lié à son mandat.

Le mandat du conseiller spécial des Nations Unies pour la prévention du génocide, qui vise à alerter et à mobiliser pour la prévention du génocide, a été créé en raison de la reconnaissance de l'échec collectif de la communauté internationale à prévenir et à répondre au génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994 et au génocide de Srebrenica en 1995.

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