Ile Maurice: Sol dégradé et changement climatique - La culture hydroponique en croissance

Le changement climatique et les attaques de parasites et de maladies ont un impact sur la production en plein champ. La production vivrière est aussi influencée par la qualité des sols dégradés, selon les planteurs. L'agriculture sous abri - soit une serre avec un toit en plastique, soit un filet anti-insectes - aide ainsi à protéger les plantes des insectes et des intempéries. Dans les systèmes de culture hydroponique en serre, les plantes sont alimentées en nutriments minéraux. Selon les dernières données de Statistics Mauritius, la production de la culture vivrière sous abri est en hausse, passant de 9 236,8 tonnes à 11 281,9 tonnes en 2023, avec une superficie de récolte de 99,5 hectares.

Quid de son potentiel ? Manoj Gooniah, agriculteur expérimenté du côté de La Marie, explique que l'hydroponie est un type de système de culture hors-sol dans des environnements fermés et contrôlés, ce qui nécessite moins de produits chimiques comme les pesticides et les herbicides. La plante est alimentée en solutions riches en nutriments, en oxygène et en eau. La culture hydroponique est appropriée pour quelques produits comme le concombre, la laitue, le poivron et les fines herbes. Les rendements sont supérieurs à ceux de la culture en plein champ. Pour des rendements sains, il est mieux d'utiliser des engrais bio. Toutefois, l'utilisation de ces produits s'avère coûteuse malgré la subvention, tout comme l'investissement pour débuter. Selon Krit Beeharry, porte-parole de la plateforme Planteurs des îles, cela peut coûter environ Rs 4 500 le mètre carré. Ce qui a éventuellement un impact sur les prix de vente au consommateur bien que ce système favorise de meilleurs rendements.

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Les plantations, souligne Manoj Gooniah, ne sont pas affectées lors des périodes pluvieuses. Mais la structure de la serre est à risque en cas de cyclone dévastateur. Pour rappel, selon les évaluations officielles à la suite du cyclone Belal, les cultures sous serre n'ont pas été épargnées, avec des dommages allant de 10 à 65 %. Néanmoins, les dégâts ont été plus importants dans les champs en plein air, oscillant entre 40 % et 75 %, impactant l'approvisionnment en légumes sur le marché et les prix. Outre les dégâts cycloniques, le sol est dégradé. C'est d'ailleurs dans cette optique qu'a lieu la campagne nationale «Mama later pe soufer, nou bizin nouri so lever», lancée le 20 mars par les Inner Wheel Clubs de Quatre-Bornes et de Curepipe.

Toutefois, Manoj Gooniah souligne que l'hydroponie ne peut pas être utilisée pour toutes les cultures, notamment pour les produits en grande demande comme la pomme de terre et les oignons. Selon lui, il n'est donc pas possible de compter à 100 % sur l'hydroponie pour fournir le marché.

Par ailleurs, Krit Beeharry ajoute qu'actuellement, les serres sont attaquées par des maladies. Il soutient également qu'il existe des fermes hydroponiques qui sont à l'abandon. «Tout comme il y a des problèmes pour la culture en plein champ, il y a aussi des soucis pour l'hydroponie. Pour mettre en place l'hydroponie, il faut des connaissances en termes de maladies, de gestion et de produits car cela demande de lourds investissements. Cultiver des produits comme le chou ne serait pas rentable car le prix de vente serait trop élevé. C'est considéré comme une culture durable, mais nous commençons à rencontrer des difficultés.»

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