Au Ghana, plus d'1 million de tablettes informatiques vont être distribuées gratuitement à chaque lycéen du système public, avait annoncé le président Nana Akufo-Addo lundi 25 mars. Ces outils numériques font partie d'un programme plus vaste visant à faire entrer le système ghanéen dans l'ère numérique, non sans soulever certaines critiques : plusieurs syndicats de professeurs rétorquent en effet qu'il y a des problèmes bien plus urgent à régler.
« Le Ghana rentre dans la quatrième révolution industrielle, celle de la révolution numérique » : c'est par ces mots que le ministre de l'Éducation a présenté lundi 25 mars, devant un parterre d'étudiants et d'officiels, le Smart School Project.
Au programme notamment, distribuer gratuitement 1,3 millions de tablettes électroniques, fabriquées au Ghana, soit une pour chaque lycéen du système publique. C'est le futur de l'éducation, selon le président Nana Akufo-Addo : « Saisissons cette opportunité, pour transformer nos écoles en centres d'innovation, et d'excellence. »
Coût total de l'opération : 325 millions de dollars. Soit un budget massif, annoncé alors qu'il y a une semaine, les trois principaux syndicats d'enseignants du pays étaient en grève pour dénoncer leurs conditions de travail.
Angel Cabonou est le président d'un des trois syndicats. Si, pour lui, la numérisation des écoles est primordiale, il faut, avant toute chose, résoudre les problèmes plus urgents : « Il manque des fournitures pour les élèves et les professeurs, des bureaux, des tables et des chaises. Il y a même des problèmes d'approvisionnement pour les cantines. Dans certaines écoles, en dehors des grandes villes, il n'y a même plus de professeurs. »
En 2021, le gouvernement avait également promis un ordinateur par professeur : environ 30 % d'entre eux l'attendent toujours, selon les syndicats.
S'attaquer à la « fracture technologique » est « essentiel »
La distribution s'opère en trois phases : 450 000 tablettes depuis fin mars, et le reste sera livré en 2 fois avant septembre 2024 assure le ministre de l'Éducation. Un projet qui, si mené à bien, aura des conséquences très positives sur l'ensemble de la société ghanéenne, selon Kwesi Nimo Junior, du groupe de réflexion ghanéen African Education Watch, qui affirme que le pays qui ne doit pas rater la marche de la révolution numérique.
Au Ghana, il y a actuellement une fracture technologique. Certaines écoles, que cela soit dans les milieux ruraux et même dans les villes, n'ont aujourd'hui pas accès aux ordinateurs. Les élèves ne peuvent donc apprendre les sciences informatiques que d'une manière théorique. Il est donc essentiel que des équipements, comme ces tablettes informatiques, soient introduits dans nos systèmes éducatifs.
C'est la seule manière de préparer correctement les élèves à la révolution numérique qui est en cours. Grâce à ces tablettes, les élèves suivront leur cursus scolaire sans qu'une fracture se crée entre des élèves électroniquement formés, et ceux souffrant d'illectronisme.Pour Kwesi Nimo Junior, du groupe de réflexion ghanéen African Education Watch, la distribution de tablettes est la «seule manière de préparer correctement les élèves à la révolution numérique»