« Nous sommes minimisés par les organisateurs événementiels de notre propre ville. Cela nous touche beaucoup », s'exprime la diva Nela Brown. En effet, les initiateurs de mouvements artistiques locaux misent plus sur des chanteurs venant d'ailleurs que sur ceux de leur région. Ils dépensent une somme considérable pour les faire venir, au lieu de soutenir les leurs. « Ils cèdent aux caprices de ces stars. Par dessus tout, ils promeuvent l'art de ces derniers à notre détriment », ajoute Oksi. Existant depuis le début des années 2000, ce problème perdure encore de nos jours. Les oeuvres des Diégolais ne sont pas considérées par leurs concitoyens.
Du reste, la scène musicale diégolaise se vide, si elle n'est occupée par les chansonniers de Toamasina, de la capitale et de Fort-Dauphin.
Autrement dit, l'absence des sociétés éditrices de musique serait aussi un facteur majeur qui entrave le développement du secteur artistique. Contrairement aux autres provinces, en l'occurrence Tamatave où l'industrie musicale fleurit, celle de Diego-Suarez stagne ces 20 dernières années. Faut-il rappeler que cette partie septentrionale du pays hébergeait des mélomanes virtuoses entre 1970 et 1990 ? Hélas, cette belle époque est désormais conjuguée à l'imparfait. Le fanion n'est malheureusement pas transmis. « La passation de flambeau, c'est de permettre aux jeunes d'accéder à un certain niveau. Il ne suffit pas de les accompagner au studio, ni de leur donner des textes à chanter. Il s'agit surtout de leur montrer le chemin, le marché ! », a encore ajouté Oksi.
A vrai dire, ce n'est pas le talent qui manque, mais la volonté des soi-disant patrons organisateurs. Une attitude qui favorise un sentiment de désengagement des pépites. « J'ai lâché le micro. Je crois que c'est mieux... Je me suis tellement investi. Les choses ne se déroulaient pas comme prévues », a renoncé un rappeur. Effectivement, l'art nécessite un énorme investissement. Pour réaliser un clip, les chanteurs dépensent entre 2 millions et 5 millions d'ariary dans le but de satisfaire leur inconditionnels. Malgré ces efforts fournis, personne n'estime leur propriété intellectuelle. Les aficionados, pour leur part, ne contribuent que de loin, raison pour laquelle leurs idoles ne sortent plus des opus. En d'autres termes, le public, en raison de la crise du pouvoir d'achat, se rend dans les petits studios pour télécharger les musiques à 200 Ar le morceau, ce n'est pas étonnant que les albums rangés dans les rayons de Super Music Analakely restent invendus, et sont couverts de poussière.
Bref, Dalvis et Jazz MMC sont les chanteurs tavaratra qui ont su sortir du lot. Armés de leur courage, ils ont escaladé des montagnes pour en arriver là. Leur exemple devrait inspirer les zandry, ces petits frères désirant signer des dossiers consistants... des contrats !