Dakar — La 13e édition du Marché des arts et du spectacle d'Abidjan (MASA), qui s'ouvre samedi sur le thème "Jeunesse, innovation et entreprenariat : des leviers pour le développement des industries des arts du spectacle africain", offre l'occasion d'assumer la "fonction économique" de la manifestation, laquelle "peut contribuer au développement" des pays impliqués, a déclaré son directeur général, Abou Kamaté.
"Avec le choix du thème, 'jeunesse, innovation et entreprenariat', on a voulu de façon encore plus importante assumer cette fonction économique que nous défendons dans le cadre du MASA", a dit M. Kamaté dans un entretien accordé à l'APS.
Il a ensuite dit : "Il faut montrer que le secteur culturel est l'un des secteurs économiques, même s'il peut être défini autrement, et aussi un secteur qui peut contribuer au développement de nos pays par la création d'emplois, par l'occupation saine de la jeunesse africaine, puisque c'est la majorité de la population."
Un secteur comme la culture est "un secteur entrepreneurial à part entière, on ne fait pas la culture et autre chose. Voilà, on est dans la culture, comme on est dans la téléphonie, comme on est dans les mines et que nous sommes en capacité d'en vivre", a expliqué Abou Kamaté.
Il a pris fonction à la tête du MASA en juin 2023.
M. Kamaté a dit que le choix du thème de cette édition revenait à affirmer "la nécessité de clairement identifier" le volet marché du MASA. Cet exercice a donné lieu à un appel à candidatures séparé du Massa Festival.
Sur les défis de sa nomination en juin 2023, à moins d'un an de la tenue de l'événement, Abou Kamaté a dit : "Il a fallu aller vite, même très vite, pour essayer de rattraper le temps que nous avions perdu. Un MASA, c'est deux années d'organisation. C'est comme la Biennale [de l'art africain contemporain] de Dakar. On a eu beaucoup moins de temps qu'il faut à cet évènement."
Distinction entre le MASA marché et le MASA festival
"Donc, il fallait le faire parce qu'il n'est pas question de l'annuler ou de sauter une étape, a relevé le directeur général du MASA. Tout de suite, on a essayé de rattraper ce temps-là, notamment en ce qui concerne l'appel à candidatures lancé."
Les 22 membres du comité artistique international, réunis en décembre dernier à Abidjan, ont examiné 1.599 dossiers de candidature provenant de 39 pays. Ils ont sélectionné, à l'issue de leurs travaux, 20 groupes artistiques en musique, six en théâtre, 14 en danse contemporaine, six pour le slam, autant pour l'humour, 12 en arts du cirque et de la marionnette, et cinq en conte. Au total, 69 artistes et groupes artistiques originaires de 22 pays ont été retenus dans la sélection officielle.
Le directeur général est revenu sur le "travail de clarification de ce que c'est que le MASA, dans l'opinion des professionnels et des artistes, dans un premier temps".
Il estime que c'est "vraiment important" pour établir "une distinction très claire entre le MASA marché et le MASA festival". "Comme son nom l'indique, le MASA a pour ambition de permettre aux créateurs et aux boules artistiques africaines d'accéder au marché, de créer de la valeur ajoutée, de créer de l'économie et de faire en sorte que le MASA soit un espace pourvoyeur de richesses pour ces gens-là", a souligné M. Kamaté.
Il a ajouté : "Cette séparation nous a permis aussi d'affiner les objectifs que nous assignons au MASA festival, qui est pour nous le volet permettant de faire vibrer la Côte d'Ivoire, de faire vibrer le district d'Abidjan et de montrer aux Ivoiriens et aux amis de la Côte d'Ivoire qui vont venir au MASA des créations qu'ils n'auraient pas vues par ailleurs."
"Une plus grande diversité de pays"
Abou Kamaté a dit que le MASA n'a pas une vocation de programmeur privé. Il faut que l'évènement puisse assumer son "rôle d'éducation artistique et de préparation des publics à venir".
"Le MASA est clairement ce que j'appelle par moment l'école du spectateur, parce que nous voulons édifier, nous voulons émerveiller, nous voulons contribuer à l'éducation de ces publics, les jeunes notamment, qui seront des consommateurs des produits culturels dans les années à venir", a-t-il souligné.
Cette clarification a été "bénéfique, puisque nous avons communiqué fortement là-dessus", a dit Abou Kamaté, relevant que c'est cela qui a permis d'avoir presque 1.600 réponses à l'appel à candidatures. "C'est un chiffre particulièrement important, le plus important de notre petite histoire au MASA."
Le responsable du MASA tire une autre leçon de ce travail autour des appels à candidatures : "Nous avons reçu une plus grande diversité de pays. Des pays de toutes les zones. Que ce soit d'Afrique, mais aussi d'Europe, d'Asie et des Amériques. Que ce soit l'Amérique du Nord ou l'Amérique du Sud. Cette année, nous avons eu davantage de candidats venant d'horizons beaucoup plus élargis. C'est également quelque chose que nous souhaitons souligner."