Il y a quelques années, il était relativement facile de trouver des édicules publics à différents endroits de la ville de Pikine. Aujourd'hui, les rares qui en restent sont souvent insalubres. Ainsi ne suffisent-ils plus aux milliers de personnes qui, chaque jour, peuvent être rattrapées par le besoin de se soulager, alors qu'elles sont loin de leurs domiciles.
L'insuffisance des édicules publics est une réalité à Dakar où les gens passent plus de temps dehors. Une situation qui handicape pas mal d'individus qui éprouvent des difficultés à se soulager en cas de besoin, alors qu'ils sont loin de chez eux. Des personnes que nous avons interrogées à Pikine ne disent pas le contraire. En cette matinée de dimanche, le marché hebdomadaire de Pikine Icotaf est peu fréquenté par les clients qui se font encore désirer. Les vendeurs de friperies, tout comme ceux qui écoulent d'autres produits tels que des chaussures et autres habits d'enfants, guettent l'arrivée des clients.
Nombre de ces vendeurs éprouvent des difficultés pour trouver un endroit où se soulager. Vendeur de friperies résidant à Rufisque, Sadibou Diongue reconnaît cette triste réalité et appelle les autorités municipales à prendre en charge cette question. « Tu parles d'une chose très importante. Beaucoup de vendeurs qui fréquentent ce marché hebdomadaire se sont plaints de ce problème. Les seules toilettes publiques qui existent dans ce coin sont un peu éloignées, alors que le fait d'abandonner ses marchandises dans un marché qui grouille de monde est risqué », témoigne-t-il, tout en lorgnant une cliente qui vient d'arriver. Il interrompt notre échange, s'oriente vers elle et commence à lui parler, nous obligeant ainsi à prendre congé de lui.
Environ cinq mètres plus loin, une femme, habillée en pantalon jeans, est assise sur un tabouret placé juste à côté d'une table jonchée de bijoux divers, une sacoche en bandoulière. Maïmouna Dramé est d'avis que l'absence d'édicules publics dans beaucoup de localités doit faire l'objet d'une plus grande attention des autorités du pays. « Cela peut paraître insolite, mais ce besoin de toilettes publiques est une réalité, parce que le fait d'aller aux toilettes est naturel. J'habite à Guédiawaye. Quand j'ai besoin de toilettes, je me rabats sur les maisons environnantes. Ceux qui gèrent donc le marché doivent faire des efforts dans ce sens », ajoute-t-elle.
Se rabattre sur les mosquées
Un autre vendeur de chaussures du nom de Matar Sène s'invite dans le débat et crache ses quatre vérités : « Moi qui te parle, j'ai été victime de manque de toilettes à plusieurs reprises. Je suis ici, aujourd'hui, dans ce marché, mais le plus souvent, je circule dans Dakar. Et quand j'éprouve le besoin d'aller aux toilettes, mon premier réflexe est de localiser une station-service ou une mosquée pour me soulager. Parce que dans les maisons environnantes, personne ne veut t'accueillir », se plaint-il.
À hauteur de la station Texaco, une mosquée abrite des toilettes publiques à côté desquelles sont aménagés des urinoirs. Malheureusement, elles ne fonctionnent plus à cause d'un problème d'entretien. Si bien qu'elles ont été simplement isolées et abandonnées par les fidèles qui se contentent d'utiliser les urinoirs, de faire ensuite leurs ablutions et de repartir. Un homme rencontré devant la mosquée explique : « Il y avait au moins quatre toilettes payantes que les fidèles utilisaient moyennant une pièce de 25 FCfa pour utiliser les urinoirs ou 50 FCfa pour les toilettes. Un gardien était là, mais, à un certain moment, les toilettes étaient infectées et personne n'osait s'en approcher. Elles ont fini par être abandonnées », raconte Rahmane Diallo.
Un menuisier installé devant cette mosquée abonde dans le même sens, en regrettant le sort réservé à ces toilettes. « Je les utilisais, mais, par défaut d'entretien, elles sont devenues inutilisables », témoigne Moussa Kane. Il explique tout de même que des initiatives sont prises par le comité de gestion de la mosquée et que très bientôt les toilettes seront réhabilitées. Dans le même ordre, il se désole que beaucoup de toilettes dans les mosquées, aujourd'hui, sont difficiles d'accès en dehors des heures de prières.
Secrétaire général de la Mairie de Pikine, Momath Kane estime que l'aménagement d'édicules publics est de la responsabilité des communes qui, précise-t-il, peuvent disposer d'espaces fonciers pouvant abriter un tel équipement. Selon lui, la ville ne peut intervenir qu'à la faveur d'une concertation.