Annoncé en janvier dernier, par le président de la Transition Assimi Goïta, le dialogue inter-Maliens a pris son envol le 13 avril 2023 à l'échelle communale. Après cette étape, viendront les phases régionale et nationale. Mais, d'ores et déjà, l'on fait le constat que ce dialogue censé unir les Maliens, les divise.
En effet, ils sont nombreux les partis politiques et autres Organisations de la société civile (OSC) qui ont clairement annoncé leur volonté de boycotter ce dialogue, prévu pour durer un mois. C'est dire si la montagne risque d'accoucher d'une souris. En tout cas, les chances de voir ce dialogue aboutir à un consensus, sont très minces. Mais pouvait-il en être autrement quand on sait que la suspension des activités des partis politiques et des OSC ont suscité et continue de susciter colère et indignation? Pouvait-il encore en être autrement quand on sait que les rebelles du CSP et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GNIM) responsables de nombreuses attaques meurtrières sur le sol malien, ne sont pas invités à ce dialogue ?
Autant dire que ce dialogue qui se tient sur fond de tensions, est la chronique d'un échec annoncé. On peut même se risquer à dire que ce dialogue inter-Maliens ressemble, à bien des égards, à une diversion pour remettre la tenue des élections aux calendes grecques. On est d'autant plus porté à le penser que depuis le 26 mars, date à laquelle devrait prendre officiellement fin la transition, des voix et pas des moindres, s'élèvent de plus en plus, pour réclamer la tenue d'élections qui doit signer le retour à l'ordre constitutionnel.
Le colonel Assimi Goïta et ses frères d'armes ne semblent pas prêts à remettre le pouvoir aux civils
Or, on le sait, le colonel Assimi Goïta et ses frères d'armes ne semblent pas prêts à remettre, hic et nunc, le pouvoir aux civils. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le dialogue inter-Maliens n'est ni plus ni moins qu'une quadrature du cercle. Pourtant, il est censé permettre aux Maliens de jeter les bases de l'avènement du Mali Koura, c'est-à-dire le Mali nouveau. Mais ce dialogue ayant déjà pris du plomb dans l'aile, on se demande si les autorités de la transition, elles-mêmes, ne filent pas du mauvais coton en forçant le pas. A moins que tout cela ne participe d'un scénario bien élaboré dont le but est de diviser pour mieux régner. Preuve, s'il en est, que la plupart des dialogues organisés sous nos tropiques pour la refondation des républiques, ne sont, en réalité, que de la poudre de perlimpinpin ; le vrai enjeu étant la conservation du pouvoir.
Le cas malien est d'autant plus déplorable que ce n'est pas la première fois que des rencontres de cette nature ont été initiées. En tout cas, que les autorités de la transition se convainquent d'une chose: tant qu'elles continueront de se livrer à ce jeu de clair-obscur, elles ne parviendront pas à asseoir une paix durable au Mali. C'est dire si le locataire du palais de Koulouba gagnerait à changer son fusil d'épaule. Plutôt que de persister à tenir un dialogue dont les conclusions semblent vouées à l'échec, Assimi Goïta ferait mieux de ratisser large afin de lui donner plus de chances de succès. Car, comment pourrait-on mettre en oeuvre les conclusions d'un dialogue si des acteurs majeurs ne s'y reconnaissent pas ?