Niger: Manif contre les soldats americains - Quand l'allié d'hier devient encombrant

Le commandant des opérations spéciales de l'armée américaine, le lieutenant-général Jonathan Braga, rencontre le brigadier.

Des milliers de personnes en train de défiler dans les rues et scandant des slogans hostiles aux troupes étrangères ! Ce n'est pas nouveau au Niger. C'est comme un air du déjà vu. En effet, on se rappelle qu'il y a encore quelques mois, des manifestants en colère assiégeaient presque certaines emprises militaires pour exiger le départ des soldats français du pays.

N'ayant pas d'autre choix, la France a fini par plier bagage. Aujourd'hui, c'est le tour des Américains d'être poussés vers la sortie et ce, après que la junte a dénoncé l'accord militaire qui lie Niamey à Washington. Certes, les autorités nigériennes n'ont pas obtenu, comme elles le souhaitaient, le « départ immédiat » des troupes américaines mais elles se donnent les moyens pour que leur retrait se fasse dans des délais raisonnables.

En la matière, la stratégie tout trouvée est d'instrumentaliser la rue afin de mettre la pression sur celui-là qui, il y a encore quelques mois, était présenté comme un allié de taille mais qui, aujourd'hui, est devenu encombrant. Et ce n'est pas tout. Car, comme si elle voulait exercer une pression supplémentaire sur les Américains, la junte a choisi d'annoncer en fanfare l'arrivée « d'instructeurs et du matériel russes » au Niger, consciente que cela effarouchera outre mesure Washington qui ne se voit pas en train de « jouer » sur le même terrain que Moscou. En tout cas, en tant que pays souverain, le Niger, faut-il le rappeler, est dans son droit de choisir ses partenaires.

Les Américains gagneraient à rendre public un calendrier de retrait de leurs troupes

Et il a choisi de désavouer, tour à tour, les Français et les Américains pour s'acoquiner avec les Russes. C'est un choix qu'il se doit d'assumer pleinement. Reste seulement à espérer que le nouveau partenaire russe se montrera à la hauteur des attentes des Nigériens qui, du fait de l'insécurité liée au terrorisme, souffrent le martyre. Quant aux Américains, même s'ils trainent encore les pas, ils n'ont pas d'autre choix que de débarrasser le plancher comme l'ont fait, peu avant eux, les Français. Pour ce faire, ils gagneraient à rendre public un calendrier de retrait de leurs troupes au risque de donner raison à la junte qui les accuse d'être des « forces d'occupation » à la solde de l'ennemi.

Le faire n'a rien d'humiliant et donnerait la preuve, pour ainsi dire, que les Américains respectent la souveraineté et le choix de leurs partenaires. Cela dit, il y a lieu d'appeler les autorités nigériennes à plus de réalisme et de pragmatisme. Car, après près d'une décennie de présence au Niger, il est difficile voire impossible d'exiger des soldats américains, qu'ils s'en aillent en toute hâte et dans le désordre. Surtout quand on sait qu'en plus de leurs hauts faits d'armes dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les Yankee ont beaucoup accompagné le Niger en matière de logistique et de formation de ses soldats. D'où la nécessité de savoir raison garder pour ne pas paraître ingrat aux yeux du bienfaiteur d'hier.

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