La colonisation a légué une idéologie, une base maintenue par les élites politiques malgaches, particulièrement les "côtiers". En effet, cela servira de support pour la majorité des grandes familles conservatrices, notamment dans le Triangle du nord... pendant trois décennies.
De la colonisation à la Première République, des noms figurent soit dans les listes des candidats aux élections, soit occupent des places importantes dans l'administration afin de préserver le plus longtemps possible le principe. Force est de rappeler que ce système de pensée a été travaillé dès les années 1920. La génération naissant vers la fin du XIXème siècle gobe sans la moindre réflexion les récits narrés par leurs ascendants ayant vécu l'invasion de Laidama.
À son tour, elle rapporte les dires du dadilahy, le grand-père. Donc, par le bouche à oreille, l'information est exagérément relatée ! Alors, se référant à cette histoire mal racontée mais reçue comme une parole d'évangile, la descendance entretiendra une haine viscérale envers un groupe humain particulier. En 1946, le Padesm était en roue libre dans la partie septentrionale du pays. Composé majoritairement de notables, de nobles originaires d'Ankarabe ainsi que d'élites fidèles à l'administration coloniale, ce parti politique aiguillonne l'esprit des nostalgiques de la conquête militaire de Radama I sur le territoire Antakarana et ses environs en 1824.
De plus, l'implantation du MDRM sur différentes localités gêne les intellectuels autochtones. En conséquence, ce parti est montré du doigt, reprochant de réinstaurer l'hégémonie merina. Et le raisonnement tourne infernalement autour du sujet. Le discours ethniciste se prononce lorsque les natifs de Diego-Suarez voient des hautes personnalités diriger les entreprises locales. « Vous voyez, ils accaparent nos biens ! », une parole disproportionnée sort impétueusement des lèvres des autochtones. Le mépris se manifeste lors des élections législatives en 1946. Malgré les injures, les trois candidats du parti dit nationaliste remportent largement la victoire.
Néanmoins, ils exercent leur fonction immédiatement et ont été accusés d'être les commanditaires de l'insurrection du 29 mars 1947, en facilitant l'accession au pouvoir des fidèles de la France. Il a fallu attendre 1956, pour que les nationalistes reviennent sur l'arène politique. L'avènement de la loi cadre, accordant une certaine autonomie aux Malgaches, à savoir l'élite côtière, ainsi que la naissance de la jeune province d'Antsiranana furent un grand pas.
Bien que les antsiranais aient la faveur d'administrer leur localité, les dignitaires des Hautes Terres Centrales y sont présents... La montée de Philibert Tsiranana à la tête de la magistrature suprême en 1960 favorise l'ascension fulgurante d'une frange de personnes. Dès lors, la bourgeoisie côtière en tire des avantages. Elle pourra enfin envoyer ses enfants à l'extérieur pour étudier. Autrement dit, le retard en termes d'éducation sur les zones littorales s'avère être un complexe. Dans ce cas, il va falloir combler les lacunes.