Madagascar: La nature pour soigner les maux du Malgache

De tout temps, le Malgache sait utiliser la nature pour soigner ses maux, se préserver du mauvais sort, se nourrir, et même fabriquer de l'alcool. Ces produits, bruts ou préparés, se remarquent sur tous les marchés quotidiens. En général, au goût amer, ces « plantes fanafody » qui enlèvent les « ody » (mauvais sort, sortilège et sorcellerie, empoison-nement criminel, mais aussi nom générique de tout ce qui soigne) sont de toutes sortes.

Outre celles médicinales, on y voit les « ody mosavin' olona » dont les plus réputées sont les « alakamisy» (jeudi), « fanazava » (qui éclaire), « ramamonjy » (qui sauve), « ramilamina » (qui calme), etc. Pour éviter d'être foudroyé, on mâchonne du « havozo » (arbre qui a le parfum de l'anis) par temps d'orage et on le rejette au moment où les éclairs strient le ciel. Cette plante sert aussi à protéger les rizières et comme ingrédient à l'alcool. Certaines plantes rendent de multiples services comme le « marovolo » (sorte d'ipomée pour faire une infusion) qui guérit à la fois la fièvre, les bleus dus aux coups, ou le sortilège.

Sous le règne d'Andrianam-poinimerina qui réglemente le marché, la vente des plantes médicinales nécessite une autorisation. Selon le conseiller du roi, Hagamainty, aucune autorisation n'est accordée tant que le marchand n'est pas passé par le test du tanguin (à travers un poulet). Cependant, même s'il réussit à l'épreuve, mais qu'il est convaincu de vendre des produits nocifs, il risque la peine capitale.

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En général, ce sont les devins et les guérisseurs qui se spécialisent dans cette branche commerciale. Comme l'explique lui-même le souverain, « il y a des risques que le marchand écoule volontairement des produits mortels. Ainsi, tout acheteur doit exiger de lui qu'il les goûte avant de les acheter ». Et les sujets sont encouragés à n'acheter les « médicaments» que sur la place du marché (« ody sahy lapa ») car s'ils sont vendus en cachette, « ils sont mauvais » (« ody tsy sahy lapa ») et le marchand, tenu comme jeteur de mauvais sort, est passible d'une peine de mort.

Un autre produit très apprécié des Merina et qui a donné naissance à différentes expressions, est le miel. Ce sont les Zafinandriamamy qui se spécialisent dans l'apiculture afin de récolter du miel produit par un essaim « dont la reine est encore vivante ». C'est le miel qui est utilisé par la famille royale dans les cérémonies rituelles (fête du Bain, noces, circoncision...). C'est un produit qui, sous Andrianampoinimerina, coûte cher à l'instar du boeuf: en garder chez soi constitue un symbole de richesse car il est très rare. Quand les Tanala apprennent cette rareté du produit, ils décident de faire de la récolte du miel sauvage, dans les forêts de l'Est une de leurs activités. Ce produit, malgré sa qualité et sa variété puisque les essences d'arbres sont diversifiées, est accessible à tous les « ambaniandro ».

Le miel est aussi utilisé pour fabriquer de l'alcool, de même que les grains de « seva » (arbuste dont le fruit est en forme de grappe de raisins), la banane, le « voanantsindranana » (Physalis peruviana ou pok pok), la canne à sucre et même le... tabac. Toutefois, comme cette dernière boisson, le « toaka» ne peut être vendu sur les marchés de l'Imerina central.

Pour en trouver, il faut aller dans le Vakinankaratra, le Betsileo, au pays des Tanala... L'alcool de miel est de deux sortes. L'un a une teinte dorée, au goût sucré, mais, consommé sans modération, il provoque rapidement un ulcère d'estomac. L'autre, de couleur plus pâle, est surtout une boisson appréciée des Européens.

Sous Andrianampoini-merina, seuls quatre hommes sont accrédités en Imerina pour se charger du commerce des esclaves: les Tsimiam-boholahy Soavatsarà et Rainitsimbaratsy et les Tsimahafotsy Rafanoharana et Imboamasina. Le grand marché qui se spécialise dans ce commerce, notamment des condamnés en Imerina central, est Anjoma à Antananarivo, plus précisément à Soanierana sous Andrianampoinimerina, à Antaninarenina sous son fils.

En fait, chaque marché hebdomadaire en Imerina a sa spécialisation. Outre Anjoma, le dimanche, Anosiala dans le Marovatana est renommé pour ses marmites en métal; le bois à Antanamalaza dans l'Avaradrano ou le jeudi à Andramasina dans le Vakinisisaony; le fer le mardi à Amoronkay dans le Vakinisisaony également ; et le même jour, à Talata-Volonondry dans l'Avaradrano, le miel, les anguilles, les écrevisses et aussi le bois; le lundi, le riz et le gingembre sont écoulés à Merimandroso dans l'Avaradrano; le samedi à Tsiafahy dans le Vakini-sisaony, on trouve du fil de chanvre pour fabriquer du tissu ; le dimanche à Ianifasana dans l'Antehiroka et à Ambohidratrimo dans le Marovatana, le coton est roi; enfin le jeudi, à Vatolevy et à Alatsinainy dans l'Ambodirano, la soie sauvage est présentée sous toutes ses formes.

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