Pour le troisième volet du Friday Talk, vendredi dernier à Côte-d'Or, l'argent était au centre des discussions. Cette conférence gratuite organisée par le National Institute of Sports Medicine et le High-Performance Centre Mauritius (HPC) n'a pas attiré autant de monde que lors de la deuxième édition, un mois auparavant. Néanmoins, les sujets de discussions n'étaient pas inintéressants. «Comment budgéter son alimentation en tant que sportif ?» et comment ce même sportif peut gérer ses finances d'un point de vue plus général étaient les deux thèmes au programme.
C'est Julianne Clair, nutritionniste mais aussi et surtout lanceuse de marteau médaillée d'or aux derniers Jeux des îles, qui a lancé les débats. D'emblée, elle a exposé les difficultés qui poussent certains sportifs à ne pas s'alimenter correctement : le coût des aliments, la contrainte de temps, la prise d'aliments pratiques ou tout préparés et le manque de connaissance en matière d'alimentation.
La session de vendredi dernier n'a pas attiré autant de monde que lors de la deuxième édition.
Le coût des aliments, on le sait tous, a pris l'ascenseur ces derniers temps. Devant cet état de choses, il convient de bien préparer son budget. «Failing to plan is planning to fail», a rappelé Julianne Clair. La contrainte de temps est aussi une des difficultés des auxquelles la plupart des sportifs mauriciens font face dans la mesure où un petit nombre est professionnel et la plupart semiprofessionnel ou amateur.
Etant pris par leurs obligations professionnelles, les sportifs n'ont pas vraiment le temps de préparer un bon repas sur une base quotidienne. D'où la prise des «convenience food» justement, des plats rapides à préparer ou déjà préparés. Quant au manque de connaissance en matière d'alimentation, cela fait que parfois le sportif ne sait pas quoi choisir pour optimiser ses performances.
Julianne Clair, nutritionniste et lanceuse de marteau, a axé son intervention sur l'importance et la meilleure façon de s'alimenter correctement.
Que ce soit pour un sportif ou une personne lambda, la prise de protéines, d'hydrates de carbone et de graisses est essentielle pour la survie. La nutrionniste Julianne Clair a d'ailleurs présenté des tableaux graphiques (voir plus loin) sur les aliments à privilégier lors des sessions d'entraînements, allant des plus légères au plus dures.
Par exemple, en cas de séances intensives, plus d'hydrates de carbone, plus familièrement appelés «carbs», sont nécessaires dans le ratio par rapport aux protéines et aux fruits et légumes. Et ces fruits et légumes prennent la moitié de l'assiette lors des séances plus légères. Une fois que le sportif a pris connaissances de ses besoins nutritionnels, il y a trois règles à respecter, les trois «P», soit «Plan, Purchase, Prepare».
Le Dr Bernard Baptiste, lanceur et directeur du MSC,a donné quelques conseils sur le plan financier.
Pour le premier stade de la planification, le plus important est de savoir quel budget est accordé à l'alimentation. A partir de là, établir une liste de provisions dans le supermarché du coin en privilégiant ceux avec une carte de fidélité. Plus loin vous trouverez un exemple de provisions avec des aliments dont le prix peut varier. Une boîte de thon, par exemple, coûte moins que du poulet et du pain coûte beaucoup moins que des céréales et peut avoir quasiment les mêmes apports.
Une fois au supermarché, il faut comparer les prix comme font la plupart des gens qui vont faire les courses ! Les marques n'ont pas vraiment d'importance. Et Julianne Clair précise qu'il y a une tendance à penser que les produits surgelés, l'instar des légumes, sont d'une qualité inférieure. «Or, ce n'est pas vrai car avant d'être emballés et frigorifiés, ces légumes arrivent à maturité et possèdent tous leurs apports nutritionnels», révèle-t-elle tout en précisant qu'il faut privilégier les produits frais. Ce qu'il ne faut surtout pas faire c'est céder aux tentations et s'écarter de la liste de courses.
Privilégier l'épargne
Pour économiser du temps durant la semaine, la nutritionniste conseille une cuisson en gros et disposer la nourriture dans des petites boîtes à placer dans le frigo. «Vous pouvez aussi utiliser les restes pour en faire un autre plat, comme les reste d'un poulet rôti et en faire une quiche», laisse-t-elle entendre. Des idées de plats et leur apport nutritionnels sont disponibles sur l'application JOW.
En ce qui concerne l'autre sujet au programme, c'est le Dr Bernard Baptiste, lanceur lui aussi mais également directeur du Mauritius Sports Council (MSC), qui l'a développé. A l'agenda de l'exposé, il y avait les conseils financiers, les plans de support financier, réussir la transition de l'après carrière et les différentes avenues à prendre, comme les universités où on peut suivre des cours de formation et la création d'une entreprise.
Le Friday talk à l'heure de l'exercice de questions-réponses.
La chose primordiale à faire est d'économiser le plus possible son argent, même s'il y a pas mal de dépenses, comme pour la nourriture justement. Mais certains items dans le budget d'un athlète (voir hors-texte) peuvent être parrainés, comme le transport ou les équipements. Donc, un plan d'épargne est avantageux pour le sportif surtout quand il reçoit des récompenses en espèces pour ses médailles obtenues lors de différentes compétitions internationales. De par son expérience personnelle, le lanceur de poids a raconté comment ces épargnes peuvent s'avérer nécessaires à l'étranger, en cas d'imprévus.
Pour accompagner le sportif, le Dr Baptiste a aussi donné une adresse web intéressante en ce qui concerne l'accompagnement des sportifs en matière de finance : https://olympics.com/athlete365/courses/financial-fitness/. Il suffit de s'inscrire et de préciser quel genre de sportif vous êtes (actif, proche de la retraite ou ancien) et plusieurs conseils vous seront distillés. Des cours en ligne sont même disponibles.
Un des aspects significatifs de cette page c'est un «personal brand toolkit» qui aide le sportif à «se vendre» sur les réseaux sociaux. Cette démarche est primordiale de nos jours dans l'optique de trouver des sponsors par exemple. Les gains en argent peuvent aussi être utilisés pour suivre une formation ou créer une petite entreprise. Des conseils et des adresses importantes à ce sujet ont aussi été donnés.
A l'heure des questions, une beach volleyeuse a soulevé un point pertinent. Si certains sportifs de haut niveau bénéficie de l'allocation mensuelle du High Level Sports Unit, tel n'est pas le cas pour les disciplines collectives. Or, certains de ces sportifs participent également à des compétitions de haut niveau et la lutte quotidienne, en matière d'argent, est la même...
La prochaine édition du FridayTalk est prévue pour le 31 mai prochain avec deux thèmes toujours passionnants : Comment devenir le parent d'un sportif qui gagne, animé par le Chief Operating Officer de Côte-d'Or, Ben Hiddlestone, qui est aussi ancien coach de la sélection nationale de natation. Le deuxième thème : Comment gérer les blessures des progénitures en tant que parent. C'est le Dr Adisha Bholah, directrice de Sports Medicine de Côte d'Or qui conduira cet échange.