Tunisie: Transferts de fonds des Tunisiens résidant à l'Étranger | Un maillon important de l'économie nationale - Le développement de notre pays passe aussi par nos émigrés

14 Avril 2024

Il est crucial de nos jours de bien comprendre les liens entre la migration des Tunisiens et le développement pour prendre les mesures idoines et pour que cette migration s'intègre encore plus dans la dynamique de la croissance économique d'autant que le nombre de nos « ambassadeurs » à l'étranger s'est consolidé ces dernières années pour atteindre le cap de deux millions, dont environ 85% sont résidents en Europe, selon l'Office des Tunisiens à l'étranger (OTE). Leur contribution au développement économique et social du pays n'est plus, aujourd'hui, à démontrer, et l'Etat est appelé à prendre plus des mesures pour leur baliser le terrain en termes d'investissements.

Les transferts de fonds des Tunisiens résidant à l'étranger (TRE) ont permis ainsi de consolider les réserves de notre pays en devises qui ont dépassé ces derniers jours, et selon les statistiques publiées par la Banque centrale de Tunisie, les 23 milliards de dinars, soit l'équivalent de 106 jours d'importation. Ces transferts ont dépassé au cours de l'année 2023 les 7 milliards de dinars, ce qui a permis de couvrir 65% de la dette extérieure. Il est admis à ce propos que ces transferts de fonds bénéficient aussi bien aux familles et aux ménages qu'à l'économie nationale. Ils sont en passe de devenir un maillon important de l'économie tunisienne qu'il ne faudra pas négliger dans les années à venir.

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Des mesures tous azimuts

Ceci explique d'ailleurs l'intérêt porté par l'Etat à nos migrants et les mesures prises en leur faveur, tel le décret présidentiel n° 2022-635 du 18 juillet 2022 modifiant le décret n° 95-197 du 23 janvier 1995 fixant les avantages fiscaux au profit des TRE à l'étranger et les conditions de leur octroi qui a supprimé la condition d'incessibilité d'une année des véhicules importés sous le régime dit "FCR".

Dans ce même contexte, et en ce qui concerne les compétences tunisiennes à l'étranger, une base de données leur a été réservée à l'OTE en vue de les répertorier, les contacter et les inviter à participer aux différents événements organisés en leur faveur. Ces compétences sont invitées à partager leur savoir-faire et leurs expertises afin de tisser des liens de partenariat et d'échange avec leurs homologues en Tunisie et participer pleinement à l'essor et à l'expansion technologique du pays. D'après les données publiées, récemment, par l'Agence tunisienne de coopération technique (Atct), le nombre total de coopérants et d'experts tunisiens exerçant à l'étranger s'élève ainsi à 23.181.

Parmi les autres mesures prises, deux conventions de partenariat avec l'Office national de la famille et de la population relevant du ministère de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées et le Centre national d'enseignement pour adultes placé sous tutelle du ministère des Affaires sociales ont été signées par l'OTE en janvier 2024 en vue de faire bénéficier les familles des TRE restées au pays des programmes et services dédiés à la femme et à l'enfant, et développer des mécanismes se rapportant au renforcement des liens des nouvelles générations avec la patrie. L'intérêt de l'Etat aux TRE ne se résume donc pas à la question des transferts de fonds, mais vise plutôt l'intégration sociale et économique.

Outre ces mesures et l'adoption d'un nouveau code des changes, il est utile de rappeler les appels lancés par le Chef du gouvernement, Ahmed Hachani, lors de ses rencontres avec la diaspora tunisienne à Paris et à Addis-Abeba en février 2024 pour soutenir les efforts de l'Etat visant à contribuer au développement du pays et à participer au projet de la « Tunisie nouvelle ». Cela dénote le grand intérêt accordé au plus haut sommet de l'Etat à nos ambassadeurs à l'Étranger.

Les envois contribuent à la baisse du taux de pauvreté

Indubitablement, le développement de notre pays passe aussi par nos migrants installés à l'étranger d'autant que des travaux de chercheurs ont mis en exergue l'importance des envois de fonds dans la réduction de la pauvreté. « Consacrés essentiellement aux dépenses d'éducation, de santé et de consommation courante, les transferts d'argent des migrants jouent, en effet, un rôle essentiel dans le financement du développement, aux côtés de l'aide publique au développement. Selon certaines estimations, une augmentation de 10 % des envois de fonds entraînerait une baisse de 2,9 % du niveau de pauvreté », éclaire la Banque mondiale.

Selon une étude réalisée par la Commission économique pour l'Afrique des Nations unies, sous l'intitulé « Les envois de fonds des Tunisiens résidant à l'étranger », le profil des TRE a connu un changement au cours de la dernière décennie. Les émigrants ont été employés dans des secteurs exigeant d'eux des diplômes intermédiaires. Toutefois, ils sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à travailler dans des secteurs nécessitant de hautes qualifications scientifiques. L'effectif des travailleurs tunisiens instruits a plus que doublé en Europe au cours de la dernière décennie. « Les envois de fonds provenant des salaires des TRE sont supérieurs aux investissements étrangers, aux dons et aides publiques au développement alors que ces envois restent marqués par la prédominance des flux en provenance des pays européens en dépit de l'augmentation des envois de fonds effectués par les résidents dans les pays arabes », révèle la même source.

Des investissements dans l'immobilier et les maisons d'hôtes

Profitant de la dépréciation du dinar tunisien, les TRE se sont rués sur le secteur immobilier. L'achat de villas et de terrains est un investissement qui ne peut que leur rapporter des bénéfices à moyen et long terme. « C'est la tendance avec la hausse inexorable des prix des matériaux de construction », nous déclare J.K, citoyen tuniso-suisse résidant depuis la fin de son cursus universitaire à Berne. D'autres Tunisiens qui se sont installés en Europe et notamment en France ont opté pour un autre type de projet qui est aussi en vogue ces derniers temps, à savoir les maisons d'hôtes et les gîtes ruraux. L'un des Tunisiens qui vit depuis les années 80 à Paris nous raconte qu'il a opté pour ce genre de projet en transformant sa demeure en maison d'hôtes à Tabarka.

Docteur Najeh Farah, résident en Suisse depuis 2006, est une figure engagée dans le domaine des aides humanitaires. Il s'est tourné vers un domaine qui ne fera que du bien pour certains parents. Il a opté pour la création d'un grand centre spécialisé pour les enfants autistes à Gammarth. Les travaux sont presque achevés et l'inauguration de ce centre est imminente. En guise de don, plusieurs équipements hospitaliers ont été livrés au ministère de la Santé lors de la pandémie de Covid grâce à Dr Najeh.

Conscient de l'importance de tels projets impliquant notamment la diaspora tunisienne, l'Etat semble de plus en plus à l'écoute de ses doléances et préoccupations comme l'attestent les différentes mesures précitées. Autre facteur très important à prendre en considération : le récent rapport de la Banque mondiale publié en décembre 2023 fait mention de la hausse des envois de fonds vers les pays du Maghreb dont la Tunisie.

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