Une année jour pour jour s'est écoulée, ce 15 avril 2024, depuis le début du conflit ravageur au Soudan, opposant les forces armées régulières et les paramilitaires, et dont les civils paient le prix fort. Ce conflit a obligé plus de 8,6 millions de personnes à fuir. Parmi elles, plus d'un demi-million de Sud-Soudanais qui vivaient au Soudan ont dû revenir dans leur pays d'origine de façon prématurée.
Adut Michael, 38 ans et mère de cinq enfants, est née et a grandi à Khartoum. La guerre l'a poussée à revenir s'installer dans la ville d'origine de ses parents, Tonj, où RFI l'a rencontrée. « Mon travail, ça va, ça marche bien ! », dit-elle.
Le petit salon de thé d'Adut Michael à Tonj, dans l'État de Warrap, au Soudan du Sud, ne désemplit pas. Elle a refait sa vie ici, depuis son arrivée du Soudan, en décembre 2023, avec ses enfants.
Sa vie y est très différente de la précédente : « Avant la guerre, la vie à Khartoum était agréable. Mon mari allait travailler et moi, je restais à la maison. Mais depuis que nous sommes venus au Soudan du Sud, il faut que nous travaillions tous les deux pour subvenir à nos besoins. »
Sa famille, élargie, a été divisée par la guerre et par ce départ du Soudan. Une partie de la belle-famille d'Adut est restée à Khartoum : « La mère de mon mari et ses frères sont toujours là-bas. Je ne leur ai pas parlé depuis le mois de janvier. Nous n'avons pas de nouvelles. Le réseau a d'abord été coupé, et puis maintenant, il a été rétabli mais ça coûte une fortune d'appeler. Nos liens sont rompus. »
Pour elle désormais, Khartoum, c'est fini : « Au bout du compte, le Soudan du Sud, c'est notre pays, contrairement au Soudan... Mieux vaut rester ici, malgré les difficultés. » La réinstallation d'Adut à Tonj apparaît comme un exemple de retour réussi au Soudan du Sud, car selon le Programme alimentaire mondial, les rapatriés du Soudan font partie des franges de la population les plus vulnérables, menacées de famine.