Sensibiliser les décideurs politiques et les acteurs de la société civile malgaches à partager la vision du néo-panafricanisme. C'est ce qu'on peut résumer de la conférence donnée par Me Saïd Larifou hier après-midi au Colbert. L'initiateur et principal conférencier est un avocat franco-comorien, président du parti comorien Ridja et non moins avocat du président du Pastef du Sénégal, Ousmane Sonko, et s'inspire de son intervention par l'exemple du Sénégal, notamment des dernières élections présidentielles du 24 mars dernier qui ont porté Bassirou Diomaye Faye à la magistrature suprême.
L'intitulé est d'ailleurs précis : « Nouvel ordre africain : le néo-panafricanisme, l'exemple du Sénégal ». Différents politiciens y ont assisté, tels que Jean-Jacques Rabenirina, président par intérim de l'Assemblée nationale, Monja Roindefo, président du Monima, Hajo Andrianainarivelo, patron du MMM, et le jeune conseiller de la CUA Toavina Ralambomahay, sans oublier Patrick Rajoelina, conseiller spécial du président de la République, qui a effectué une courte présence. Du côté de la société civile, on note la présence de Saraha Rabeharisoa, présidente de la coalition des femmes leaders AWLM.
De son témoignage, Me Saïd Larifou trouve l'exemple sénégalais comme une prise de conscience des peuples du continent : « Les péripéties politiques du Sénégal de ces derniers mois permettent d'envisager une importante convergence des Africains ». D'après lui, les victoires politiques et judiciaires du Pastef reposent à la fois sur un discours social, de justice, de rupture, souverainiste et panafricaniste : « Cette vision est une réponse adaptée aux aspirations démocratiques, de justice et à la souveraineté effective du Sénégal exprimées par le peuple sénégalais qui a consenti des sacrifices». Car il y a eu des pertes humaines au-delà de l'emprisonnement arbitraire des dirigeants politiques, dont le duo Ousmane Sonko - Bassirou Diomaye. Il affirme toutefois que le dénouement n'aurait pas été possible s'il n'y avait pas eu un peuple et des forces démocratiques. Le trio « un homme, une vision et un peuple » est nécessaire pour réussir, a-t-il insisté.
Une remarque importante est citée sur les institutions du Sénégal : « Certes, les institutions judiciaires et constitutionnelles sénégalaises ont été sérieusement malmenées, mais elles ont tenu. La solidité des institutions est rendue possible par des magistrats solides, dignes et conscients de leur responsabilité historique ». Et lui de poser la question : « Cela a été possible au Sénégal, pourquoi pas dans d'autres pays ? Même aux Comores, à Madagascar et dans d'autres pays. Je trouve que cela n'est pas impossible ».
Présentant le néo-panafricanisme aux Malgaches, ce combattant aguerri des droits humains et de la liberté expose :
« C'est un mouvement, une idéologie politique qui promeut l'indépendance totale effective du continent, et encourage la pratique de la solidarité entre les Africains, indépendamment de leurs origines et appartenances religieuses». Courtisant l'assistance, Saïd Larifou rappelle que le bouleversement en cours de la géopolitique mondiale constitue une opportunité pour les acteurs politiques et les responsables de la société civile pour un néo-panafricanisme contribuant à l'émergence d'un nouvel « Ordre africain ».