Le Centre africain de gestion des ressources naturelles et d'investissement a produit en mars 2024 un nouveau rapport intitulé « Flux et tendances du commerce régional du bois en Afrique ». Le rapport qui n'existe qu'en langue anglaise (« Regional timber-trade flows and trends in Africa ») donne des orientations pour mieux tirer parti du commerce du bois en Afrique.
Le rapport indique que ce secteur appelle des changements qualitatifs dans la transformation et le commerce du bois et des produits dérivés. Ce secteur, lié à l'industrialisation, entraîne de multiples avantages pour le continent africain, notamment la création d'emplois, d'investissements et de revenus.
Mme Kanziemo Leontine, Conseillère en gestion des ressources naturelles au Centre africain de gestion des ressources naturelles et d'investissement a déclaré : « La Banque veut contribuer au dialogue global sur les enjeux de la filière bois en Afrique à travers cette étude qui présente les données sur le commerce du bois, ainsi que les perspectives et son rôle dans le déblocage du potentiel d'industrialisation et d'intégration sur le continent africain. En outre, l'étude présente les actions nécessaires pour atteindre ces objectifs importants. »
Le rapport identifie les nombreux enjeux liés à la filière : « La transformation accrue des produits du bois en Afrique contribuera à l'industrialisation du continent et l'augmentation des échanges commerciaux entre les régions favorisera l'intégration africaine ».
Cette étude donne un aperçu de la dynamique et des modèles du commerce du bois en Afrique afin de permettre aux décideurs politiques de mieux comprendre l'impact économique de l'industrie, qui peut favoriser la création d'emplois et de richesses.
L'importance majeure du rapport réside surtout dans les connaissances et données mises à disposition et la longue période couverte. Il livre une analyse pointue des flux commerciaux, des tendances et des indicateurs de 1990 à 2020 pour quatre produits primaires, cinq produits secondaires et six produits tertiaires. Les flux commerciaux ont été analysés sur trois périodes de dix ans dans les cinq régions géographiques de l'Afrique.
« De 1992 à 2020, les valeurs des balances commerciales totales pour les produits primaires en Afrique ont régulièrement atteint des excédents, bien qu'avec des fluctuations de 1992 à 2008, suivies par des chutes en 2009 et 2012 qui ont représenté des déficits d'environ 156 et 45 millions de dollars américains, respectivement. Au cours de la même période, les balances commerciales pour les produits secondaires du bois ont enregistré à la fois des excédents et des déficits, avec un creux de déficit en 2014 (environ 3 milliards de dollars). » renseigne le rapport.
Le rapport souligne que la balance commerciale totale des produits du bois et dérivés en Afrique est déficitaire de 65,6 milliards de dollars. Cela indique que les pays africains dépensent beaucoup plus pour importer ces produits en Afrique qu'ils ne gagnent avec leurs exportations. Les flux d'exportation et d'importation de produits ligneux primaires, secondaires et tertiaires vers d'autres parties du monde varient également entre les cinq régions d'Afrique. En termes d'ouverture commerciale dans le secteur forestier, le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo et le Gabon figurent dans les dix premières places.
Le déséquilibre commercial issu de cette configuration a un impact négatif sur l'industrialisation et la compétitivité des industries du bois en Afrique ainsi que sur la stabilité financière des économies nationales. Le rapport indique des pistes pour changer la donne.
L'amélioration du commerce du bois en Afrique passe par l'harmonisation des politiques et des réglementations commerciales, la facilitation du financement du commerce, l'augmentation des investissements privés et publics, la mise en place d'infrastructures liées au commerce, la mise à disposition d'informations commerciales et le renforcement des capacités de production. La principale opportunité d'améliorer le commerce du bois est la mise en oeuvre réussie de la zone de libre-échange continentale africaine.
Les gouvernements africains doivent faire preuve d'une véritable volonté politique, soutenue par l'assistance technique et financière des communautés économiques régionales et de l'Union africaine. Les banques multilatérales de développement et autres donateurs devraient soutenir les investissements pour étendre les capacités de transformation des produits du bois dans les principaux pays producteurs et soutenir la mise en place d'un système d'information sur le marketing pour les produits du bois au niveau continental.