Au moins 42 personnes ont été tuées depuis le début du mois d'avril, principalement en territoire de Djugu, l'épicentre des violences en Ituri.
Sur le terrain, les habitants réclament donc, mais ce n'est pas la première fois, des mesures énergiques de la part de l'armée congolaise.
Les attaques les plus meurtrières sont celles de Lodjo et Galay, en territoire de Djugu, conduites par la Coopérative pour le développement du Congo, la Codéco, qui ont fait plus de 30 morts, les 6 et 14 avril derniers.
Une dizaine de personnes ont été par ailleurs récemment tuées par les rebelles ougandais des ADF dans la région d'Otomabere en Irumu.
Sarah Baenga, une habitante de la ville de Bunia, veut que les autorités soient plus efficaces dans la protection des populations civiles.
"Je déplore de voir que ces massacres contre les civils continuent. J'ai l'impression que les autorités favorisent plus l'aspect négociation avec les groupes armés, mais malheureusement ces derniers continuent à endeuiller la province. Nous voulons la paix, nous voulons voir l'armée passer à l'offensive contre ces miliciens qui nous tuent", explique Sarah Baenga.
Interdire l'exploitation de l'or
Luc Malembe, un autre habitant de Bunia, préconise l'interdiction momentanée de l'exploitation de l'or à Djugu, qui serait, selon lui, à l'origine des violences armées dans la région.
"La guerre à Djugu, c'est le combat des sites miniers et malheureusement, c'est la population civile qui en paye le prix. On ne pourra pas régler la question de Djugu tant qu'on laissera les groupes armés prendre le contrôle de l'or. L'or est une matière hautement stratégique et les pays qui nous entourent en tirent profit. C'est comme ça que les groupes armés ne manquent jamais d'armes et munitions", estime Luc Malembe.
Porte ouverte à la négociation
L'armée congolaise reconnaît que cette zone minière est devenue l'épicentre des violences.
D'après son porte-parole en Ituri, le lieutenant Jules Ngongo, les autorités militaires, qui gouvernent la province de l'Ituri sous état de siège, se heurtent à une résistance dans les sites miniers, où la présence militaire est interdite par la loi. Celui-ci explique que l'armée laisse toutefois la porte ouverte à la négociation.
"Les forces armées sous commandement du lieutenant général Luboya sont déterminées. Là où il faut utiliser l'approche militaire, nous le faisons pour contraindre ceux-là (les groupes armés) à déposer les armes et à ses rendre aux forces armées. Là où il faut appliquer l'approche non militaire, nous l'appliquons avec détermination. L'idéal, ou l'objectif ultime, ce n'est pas détruire le corps du combattant, mais c'est détruire la volonté du combattant à combattre", dit le lieutenant Jules Ngongo.
L'Ituri est sous état de siège depuis près de trois ans, dans l'objectif de vaincre les groupes armés actifs dans cette région. Mais cette méthode n'a pas été capable, jusque-là, de garantir à la population la paix tant désirée.