Il n’est surtout pas d’une utopie, au regard des développements récents survenus dans l’espace communautaire. Il faut préciser avant d’aller plus loin que la Mauritanie a quitté la Cedeao depuis l’an 2000, et par conséquent quel statut particulier peut lui permettre d’interférer dans un différent, qui glisse irrémédiablement vers une rupture entre les 3 Etats de la bande sahélo saharienne que sont le Mali, le Burkina Faso et le Niger et la Cedeao, suite à l’échec des sanctions décidées par l’organisation sous régionale et qui ont échoués.
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani Président de la République islamique de Mauritanie est récemment élu comme président en exercice de la conférence des chefs d’Etats de l’Union Africaine (UA). L’on se rappelle des péripéties qui ont jalonné son élection au sein du bloc de l’Afrique du Nord. Finalement, il a été un candidat qui arrangeait tout le monde, surtout que la Mauritanie n’était pas candidate. C’est justement pour cette raison que le Président El Ghazouani a plusieurs cartes en main, avec un atout certain, qui est que lors du différend entre la Cedeao, le Mali, le Burkina et le Niger, la Mauritanie a affiché une position de neutralité ; mieux lors de l’embargo sur le Mali, elle a ouvert son port pour l’acheminement des marchandises vers Bamako permettant à ce pays de se soulager des rigueurs de l’embargo.
Je rappelle que le Président El Ghazouani est un militaire, donc capable de parler en bonne intelligence avec les chefs d’Etats dissidents de la CEDEAO, réunis le 28 Janvier au sein de l’AES, ainsi qu’au Général Doumbouya de la Guinée qui d’ailleurs a fait le déplacement à Dakar le 02 avril dernier.
Ghazouani, a fait le déplacement à Dakar lors de l’installation de M. Bassirou Diomaye Faye, président de la République du Sénégal, nouvellement élu le 02 avril 2024 également, en sa qualité de Président en exercice de l’UA, et diplomatiquement l’échange de bon procédés a été appliqué, car le nouveau Président du Sénégal a réservé sa première visite officielle à la Mauritanie ce mercredi 17 Avril.
C’est comme qui dirait que face à l’impasse de la CEDEAO, l’Union Africaine prend le relais pour sauver la CEDEAO ou ce qui en reste ; tout laisse penser qu’un puzzle est en train de se mettre en place, avec comme point de convergence le chef de l’Etat Mauritanien, qui tient ainsi en son homologue du Sénégal Bassirou D. Faye, sa porte d’entrée dans la Cedeao, et qui est son voisin direct frontalier avec le Mali, la Guinée et par ricochet le Niger et le Burkina.
Aujourd’hui que l’on semble tourner la page des sanctions, le dialogue est rompu avec la CEDEAO ou du moins pour l’aile dure composée de Bola Tinubu, Alassane Ouattara, Macky Sall et ce dernier a quitté le pouvoir. Patrice Talon du Bénin, lui d’ailleurs a purement et simplement annulé toute sanction et a réouvert ses frontières avec les pays de l’AES.
Dans cet imbroglio qui tend au pourrissement, l’implication du Président El Ghazouani, pour relancer tout à la fois la diplomatie du bon voisinage, et l’idéal de l’intégration du continent, est une carte maitresse qui se joue ou qui doit se jouer, pour débloquer la crise, infléchir les raideurs, avant qu’il ne soit trop tard.
Ghazouani est un gros challenge, qui à lui seul vaut un mandat à la tête de l’union africaine. Sauver la CEDEAO qui est une merveille d’intégration économique.
C’est tout le mal qu’on pourrait lui souhaiter.