Ile Maurice: «L'augmentation des crimes est un phénomène mondial»

Pour la première Private Notice Question (PNQ) de sa vie, observateurs et internautes sont d'accord pour dire que Shakeel Mohamed s'est bien débrouillé. Il voulait savoir hier du Premier ministre (PM) le nombre de crimes et délits ainsi que le nombre de noyades enregistrés depuis janvier 2023. Et, si le PM a donné les consignes nécessaires au commissaire de police pour améliorer la sécurité dans le pays.

Dans sa réponse, Pravind Jugnauth a, en guise d'introduction, parlé de la détermination de la police à ne pas laisser les crimes impunis et que son gouvernement, comme il a l'habitude de le dire «will leave no stone unturned...» Le PM s'embarquera alors dans une sorte de cours de droit en expliquant ce que sont un crime et un délit. Pour ce qui est de la hausse du taux de criminalité, Pravind Jugnauth dira que c'est un phénomène mondial, tout comme il avait dit qu'il y avait des pourris dans toutes les forces policières du monde. Avant de donner les chiffres : 6 609 crimes et 50 922 délits en un an. Et 28 noyades pour la même période.

Safe City et changement climatique

Le PM assure qu'il rencontre le commissaire de police presque quotidiennement. Et de parler vaguement des nouvelles stratégies et technologies déployées par la police pour la prévention de la délinquance : ERS, l'incontournable Safe City, les patrouilles à vélo, la police du tourisme mais aussi les avions, hélicos et autres patrouilleurs achetés. Pravind Jugnauth a brièvement condamné ceux qui se font justice eux-mêmes. Référence sans doute aux vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrant des malfrats qui sont «corrigés» par des membres du public.

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Pour ce qui est des noyades - six rien que durant le week-end - le PM s'est justifié en parlant du... changement climatique. Tout en rappelant que des alertes de mer démontée sont régulièrement émises, que des sauveteurs sont mobilisés, que le National Coast Guard dispose de bateaux rapides et qu'un système d'alerte sera bientôt installé sur les plages pour prévenir du mauvais temps et de la mer houleuse. Il devait conclure en disant que Maurice est reconnu mondialement pour être le pays le plus paisible de l'Afrique et la plus stable des démocraties au niveau du continent. Ce qui n'avait rien à voir avec la PNQ... Il a ensuite rappelé le règne de la terreur et de l'existence de l'escadron de la mort dans le passé tout en assurant que son gouvernement continue- ra son approche de «zero tolerance policy against drug trafficking and the drug mafia and all sorts of criminal activities».

Pour sa question supplémentaire, Shakeel Mohamed a voulu savoir pourquoi les tours de surveillance sur les plages, promises depuis 2017 par feu sir Anerood Jugnauth, sont encore à l'état de promesse. Évitant de répondre directement à la question, Pravind Jugnauth devait affirmer que son gouvernement a fait mieux que le PTr, qui n'avait pas introduit le système d'alertes par communiqués. Et de jeter le blâme sur les victimes qui vont s'aventurer en mer malgré tout. «Chacun doit prendre ses responsabilités.» À ce moment-là, Pravind Jugnauth a paru hésitant et incohérent. D'ajouter tout de même que les tours de surveillance seront bientôt installées.

Shakeel Mohamed de rebondir sur cet aveu : «Le PM reconnaît donc que rien n'a été fait depuis 6 ans !» Et, enfonçant le clou, «il n'y a même pas de panneau indiquant le danger au Souffleur, à Souillac». Pravind Jugnauth : «Non, nous n'avons pas échoué. Nous avons fait mieux que cela.» Rebelote : «Les communiqués de la météo et du National Disaster Risk Reduction and Management Centre (...) si les gens n'écoutent pas et veulent prendre des risques, que pourrons-nous y faire ?»

«Res trankil do ta»

Changement de sujet. Shakeel Mohamed lui demande alors ce qu'il compte faire face à la peur qui s'est installée parmi la population avec le nombre croissant de vols et d'agressions et la mise sur pied de groupes d'autodéfense. Cela, dit-il, en raison de la perte de confiance de la population en la police. «Le gouvernement fera-t-il comme en Angleterre où c'est un corps indépendant qui évalue la performance de la force policière... ?» Le speaker l'interrompt : «La question est trop longue.» Et le PM en profite pour parler de l'époque où le PTr était au pouvoir. Vives protestations des bancs de l'opposition. Cette phrase du speaker restera mémorable : «This is Parliament. This is not a place for bullying», à l'adresse de la même opposition. Le PM d'embrayer : «Ta, res trankil do ta... Gorah Isaac...» Le speaker : «Ehsan Juman out.» Kalpana KoonjooShah d'intervenir ; elle a entendu Joanna Bérenger dire «limem inn touy Kistnen». La députée mauve nie car, en fait, elle aurait lancé à Ehsan Juman : «Rapel li ki linn touy enn piéton en 1996.»

Pravind Jugnauth a alors donné le chiffre des crimes et délits en 2007 et 2008 avant de finir en évoquant les émeutes de 1999. Shakeel Mohamed ne sera pas au- torisé par le speaker à y répondre...

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