L'atmosphère politique semble monter d'un cran. L'opposition, surtout le regroupement Firaisankina, commence déjà à interpeller la CENI et la HCC sur certaines pratiques qu'elle juge irrégulières.
Tous les coups sont permis
C'est en quelque sorte l'image que les acteurs politiques laissent apercevoir. Depuis au moins ces deux dernières semaines, l'opposition interpelle les autorités sur les pressions auxquelles les fonctionnaires font face. « Non seulement ils subissent en permanence des menaces d'affectation s'ils ne rejoignent pas le camp de la plateforme présidentielle, mais ils sont également victimes d'intimidations de tout genre s'ils adhèrent aux plateformes de l'opposition », a indiqué, hier, la députée Hanitra Razafimanantsoa, candidate dans le 1er arrondissement. « Ce sont surtout les préfets, les chefs de districts et les sous-préfets qui sont les principales victimes de ces pressions », a-t-elle poursuivi tout en dénonçant des abus perpétrés par certaines autorités.
Dircab
Le colistier du candidat Mamy Haja Charlot dans le district de Mananjary était jusque-là le seul à briser le silence par rapport à l'existence réelle de ces pressions émises à l'encontre des fonctionnaires qui ont choisi de porter d'autres couleurs que celle du régime. D'après Marco Duhamel Andriamananjara, « c'est le directeur de cabinet du ministère de l'Education nationale en personne qui se charge de l'intimidation ». « Il y a quelques jours, le dircab du ministère de l'Education Nationale m'a appelé par téléphone. Il m'a obligé à quitter la liste du député Mamy Haja pour rejoindre celle du candidat IRMAR. Une demande que j'ai refusée », a-t-il précisé avant d'ajouter que « le directeur de cabinet ne s'est pas arrêté là, il a ensuite brandi la menace d'affectation, de coupure de salaire ou encore de mener l'affaire devant le tribunal ». Une accusation que le responsable concerné n'a pas démenti jusqu'à maintenant.
Méfiance
Avec les enjeux que constituent ces législatives, la participation de quelques membres du gouvernement à cette compétition laisse paraître un sentiment de méfiance dans le camp de l'opposition. De plus, le ministre de l'Education nationale est souvent associé à cette pratique qui a déjà fait son temps. « Même s'ils ont démissionné, ils ont déjà utilisé le pouvoir public et les fonctionnaires depuis le moment où ils ont déposé leurs dossiers de candidatures », a enchaîné Me Hanitra Razafimanantsoa qui n'a pas oublié de rappeler « certains abus auxquels le nom du ministre de l'Intérieur, Justin Tokely, est associé ». En tout cas, l'utilisation de l'appareil administratif à des fins politiques est loin d'être une nouveauté mais son degré évolue en fonction des enjeux électoraux. Une fois encore, l'opposition appelle la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI) et la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) à prendre leur responsabilité.