Rabat — L'Initiative atlantique lancée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI pour favoriser l'accès des États du Sahel à l'Océan Atlantique ambitionne de faire de la zone afro-atlantique un espace de paix, de sécurité et de prospérité partagée, ont souligné, mardi à Rabat, les participants à un panel sur les enjeux de sécurité des espaces maritimes de l'Afrique atlantique.
Tenu dans le cadre d'une conférence-débat organisée par le Policy Center for the New South (PCNS) sur les "enjeux stratégiques des espaces maritimes de l'Afrique atlantique", le panel s'est focalisé sur les enjeux sécuritaires liés aux espaces maritimes de l'Afrique atlantique et a dressé une cartographie des risques et menaces dans la région, tout en identifiant les moyens pour agir contre ces menaces.
Dans ce sens, le Colonel Major à la Marine Royale Khalid Loudiyi a indiqué que l'institutionnalisation d'un partenariat africain atlantique, traduction de la Vision de SM le Roi Mohammed VI, permettra de promouvoir davantage la coopération dans la zone afro atlantique à la faveur d'une prospérité partagée.
Il a également fait savoir que la sûreté et la sécurité de l'Afrique atlantique sont tributaires d'abord d'un ferme engagement des pays, par des textes juridiques adaptés et harmonisés et par la collaboration et la complémentarité régionale qui permettraient de créer des synergies, rationaliser l'emploi des moyens et d'ouvrir les perspectives de réalisation de projets régionaux constructifs dans le domaine de la sureté et de la sécurité maritime.
Par ailleurs, il a rappelé que l'espace maritime de l'Afrique atlantique couvre 23 pays et s'étend sur plus de 12.000 km, ajoutant que ce vaste espace abrite l'une des routes maritimes les plus fréquentées du monde qui lui confère une dimension stratégique.
Cet espace regorge d'une multitude d'opportunités et de nombreuses ressources, dont l'exploitation judicieuse et appropriée permettra de contribuer de façon importante au développement de ces 23 pays et même de l'ensemble du continent africain.
Dans ce sillage, M. Loudiyi a affirmé que "l'avenir des pays africains est étroitement lié à cet espace maritime", et que sa protection est cruciale et constitue le soubassement indispensable de la stabilité et de la paix durable dans ces pays.
S'agissant des risques et menaces qui planent sur la région, il a évoqué le terrorisme maritime, la piraterie, le crime organisé, l'immigration irrégulière, le trafic de drogue, la pêche non déclarée et non réglementée et la pollution marine.
Reconnaissant ce large éventail de risques, le Royaume du Maroc a mis en place un dispositif sécuritaire d'action en mer qui intègre plusieurs acteurs militaires et civils et qui repose sur une stratégie globale s'appuyant sur trois principes, à savoir la prévention, la coordination et la connaissance du milieu marin, a-t-il fait savoir.
Il a, en outre, mis en avant le progrès réalisé par le Royaume dans la sécurisation de ses espaces maritimes, qui est en grande partie lié à l'effet combiné d'une stratégie nationale engagée et d'une coopération dynamique et efficace entre les différents intervenants.
Pour sa part, Abdelhak Bassou, Senior fellow au PCNS a indiqué que l'espace atlantique africain constitue une zone de paix qui connait un niveau de coopération en-deçà du niveau souhaité, d'où la pertinence et la l'importance de l'Initiative Royale pour l'Atlantique qui favorisera l'accès des États du Sahel à l'Océan Atlantique.
L'enjeu se pose donc à deux niveaux, le premier est celui de maintenir la sécurité dans cette région, puis renforcer la coopération entre les pays du Sahel, particulièrement dans un contexte où les menaces sont nombreuses.
A cet égard, il a cité le trafic de drogues, la pêche illégale, le trafic d'armes, les réseaux de migration illégale, en plus des menaces de l'extrémisme violent.
A cet effet, l'Initiative internationale lancée par SM le Roi Mohammed VI permettra de désenclaver ces pays, les développer, et leur permettra aussi de mettre fin à l'expansion du terrorisme, à travers la création d'un espace stable et prospère, dans le cadre de l'intégration et de l'inclusion économiques.
De son côté, la professeur et expert en océanographie Naima Hamoumi s'est attardée sur les risques naturels menaçant la façade atlantique africaine, notamment les volcans, les tremblements de terre, les volcans de boue liés à des hydrates de gaz et les grands risques naturels liés aux conditions atmosphériques, comme la hausse du niveau de la mer, résultant du réchauffement climatique.
Elle a relevé que l'Initiative atlantique constitue un levier stratégique pour accélérer les Objectifs de développement durable (ODD).
Dans ce sens, elle a recommandé l'intégration d'un volet axé sur le développement des connaissances sur l'océan et le renforcement des capacités, à travers des partenariats entre les facultés et les centres de recherche favorisant la recherche et développement, en plus de mobiliser les moyens nécessaires à cet effet.
Il s'agit aussi de saisir toutes les opportunités de la convention des droits de la mer, d'adopter des politiques publiques communes, et de mettre en place des programmes de recherche intégrant toutes les disciplines liées à la mer.
Mme Hamoumi a aussi souligné l'importance de cartographier les zones à risque, d'assurer une gestion du littoral pluridisciplinaire, outre la sensibilisation du grand public.
Cette conférence rassemble des experts, des chercheurs et des praticiens marocains de divers horizons pour favoriser une analyse approfondie et nuancée des enjeux, risques et opportunités des espaces maritimes de l'Afrique atlantique.
Les travaux de cette journée se déclinent en quatre panels axés sur les enjeux géopolitiques en termes d'intégration de la région et la rivalité des puissances dans l'espace Afrique Atlantique, les enjeux juridiques tels que les droits maritimes, les enjeux sécuritaires notamment en rapport avec la préservation du capital maritime africain, outre les enjeux géoéconomiques à la lumière des projets structurants en faveur de la prospérité des économies africaines.