En mars 2024, la MONUSCO a organisé une série d'activités de sensibilisation contre la désinformation et les discours de haine à Kasenyi, dans le secteur de Bahema Sud, en territoire d'Irumu, province de l'Ituri. Des journalistes, des leaders de la société civile, des membres d'associations de femmes et de jeunes se sont réunis récemment pour échanger sur ces fléaux qui menacent la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans une région confrontée à de multiples défis sécuritaires. Les autorités coutumières ont également été impliquées dans cette lutte.
Selon André Kataloho, chef de Bahema-sud, la désinformation est très répandue dans son secteur. L'autorité traditionnelle révèle avoir été alertée sur de prétendues menaces d'attaques de la part de groupes armés, sans que cela ne soit vrai. Ces alertes infondées qui circulent abondamment sur les réseaux sociaux alimentent, dit-il, les tensions entre communautés et accentuent la méfiance réciproque, aboutissant à des conflits armés.
Au cours d'un match de football de sensibilisation, organisé par la section de l'Information publique de la MONUSCO, M. Kataloho, qui a donné le coup d'envoi de la rencontre, a mis en garde les centaines de personnes réunies contre les dangers de la désinformation. « Il ne faut pas mentir. Je vous invite, et surtout les jeunes, à donner la bonne information pour renforcer la cohésion sociale et la cohabitation pacifique. Il faut diffuser le message d'amour et non de haine », a-t-il affirmé.
Pour sa part, la cheffe de division du Genre de Kasenyi, Marthe Nyangoma, s'est réjouie de l'implication des autorités coutumières dans la lutte contre la désinformation. Depuis quelques mois, elle sillonne les églises locales et participe à des émissions spéciales sur les radios communautaires de Kasenyi, Peace FM et Tempête du Lac, pour sensibiliser la population aux dangers des « fake news ». « La désinformation contribue à la division entre individus. Il ne faut pas se précipiter en partageant tout ce qu'on reçoit pour éviter d'aggraver la situation », explique-t-elle. Mme Nyangoma insiste sur la nécessité de diversifier et de multiplier les actions de sensibilisation et de formation pour contrer efficacement la désinformation et les discours de haine.
Papy Kongolo, journaliste et directeur de la radio communautaire Tempête du Lac de Kasenyi, est également engagé dans cette initiative. Il organise régulièrement des émissions thématiques pour permettre à Mme Nyangoma de parler de la désinformation, convaincu de l'importance de former des leaders communautaires locaux sur cette question. « Lorsqu'une autorité, comme le chef coutumier prend la parole devant les populations pour discuter de la désinformation et de ses conséquences sur la paix ici, le peuple se voit à travers lui. Lorsqu'il s'exprime, c'est toute la communauté qui se retrouve. Nous sensibilisons les communautés, mais il y a une grande différence lorsque c'est une personne que l'on connaît qui s'exprime », déclare-t-il.
Tous s'accordent à dire que l'engagement de toute la communauté est nécessaire pour combattre efficacement et contenir la propagation de fausses nouvelles. La sensibilisation à travers des échanges, des ateliers de réflexion ou encore des activités sportives se poursuit, pour s'étendre également à d'autres localités voisines telles que la chefferie des Andisoma, les secteurs de Walendu Tatsi, Walendu Bindzi ou encore Bahema banyali, insiste le chef secteur de Bahema Sud.
Selon lui, ces actions conjuguées, constantes et élargies renforceront les efforts déjà entrepris pour encourager les communautés à se liguer contre la désinformation et les messages de haine, qui compromettent le vivre-ensemble à Kasenyi, ainsi que dans le reste de la RDC.