Plus des trois quarts des citoyens ont vécu en situation de pauvreté modérée ou élevée pendant l'année écoulée.
Key findings
- Environ six Togolais sur 10 déplorent la situation économique de leur pays (62%) ainsi que leurs propres conditions de vie (57%).
- La moitié des répondants estiment que la situation économique du pays a empiré par rapport à celle d'il y a 12 mois (52%), mais qu'elle sera meilleure dans les 12 mois à venir (47%).
- La majorité des citoyens togolais disent avoir manqué de revenus en espèces (92%), de soins médicaux (63%), d'eau potable (56%) et de nourriture (55%) au moins « quelques fois » pendant l'année écoulée.
- Plus des trois quarts (78%) des Togolais ont vécu en situation de pauvreté modérée (41%) ou élevée (37%) pendant l'année écoulée.
- La majorité des Togolais désapprouvent la performance de leur gouvernement dans la stabilisation des prix (82% « plutôt mal » ou « très mal »), la création d'emplois (76%), la réduction du fossé entre les riches et les pauvres (75%), l'amélioration des conditions de vie des pauvres (72%), la gestion de l'économie (69%), l'amélioration des services de santé de base (56%) et la fourniture des services d'eau et assainissement (56%).
La crise sanitaire de COVID-19 et la guerre russo-ukrainienne ont bouleversé l'économie mondiale, mais les effets restent plus ressentis dans certaines régions que d'autres (Martinho, 2022). L'Afrique subsaharienne, du fait de son extrême dépendance aux importations, a reçu d'importants chocs économiques qui ont dégradé les conditions de vies au sein de la plupart de ses pays (Selassie & Kovacs, 2022). A ces chocs, on pourrait rajouter spécifiquement pour les pays d'Afrique de l'Ouest la crise sécuritaire dans le Sahel qui s'étend vers les pays du Golfe de Guinée (Nations Unies, 2022).
L'économie du Togo reste tributaire du reste du monde, ce qui la rend vulnérable aux crises actuelles. La baisse de la demande mondiale pour les matières premières, couplée à la diminution des approvisionnements en produits énergétiques et pétroliers, majoritairement importés, ont accentué l'inflation et augmenté le coût de la vie. Cette situation pèse sur une population vulnérable et en proie à l'insécurité alimentaire (Programme Alimentaire Mondial, 2022). En ce qui concerne le taux de pauvreté, il est estimé à 42,4% en 2023 et espère-t-on qu'il chute substantiellement pour atteindre 36,1% en 2026 (Banque Mondiale, 2024).
Afin de relever les défis inhérents au développement du pays, le Togo a mis en place en 2018 le Plan National de Développement pour une durée de quatre ans. Ce plan n'ayant pas atteint ses objectifs à termes en raison du choc sanitaire de la COVID-19, la Feuille de Route Gouvernementale a été adoptée en 2020 pour une durée de cinq ans (République Togolaise, 2020).
Dans ce contexte, quelles perceptions les Togolais ont-ils de la situation économique du pays, de leurs propres conditions de vies ainsi que des performances du gouvernement face à certains défis économiques ?
Les données des récentes enquêtes Afrobarometer révèlent que les Togolais déplorent la situation économique actuelle de leur pays de même que leurs propres conditions de vie.
La majorité d'entre eux ont expérimenté une pauvreté vécue modérée ou aiguë, ayant au moins quelques fois manqué de revenus en espèces, de soins médicaux, d'eau potable et de nourriture pendant l'année écoulée.
Les Togolais dans leur majorité se disent insatisfaits des prestations du gouvernement dans la gestion de l'économie et la fourniture de certains services de base.
Iman Badana Egougnon Iman Badana Egougnon est chercheur au Center for Research and Opinion Polls (CROP), partenaire national d'Afrobarometer au Togo.
Amevi Nezan Okey Amevi Nezan Okey est chercheuse au CROP.
Ariel Kekeli Henodji Ariel Kekeli Henodji est chercheur au CROP.