Ile Maurice: En attente d'un souffle de changement...

Au n°9, l'effervescence électorale grandit alors que la date des élections se fait attendre. Un souffle de changement titille les esprits, les habitants exprimant une frustration croissante envers les politiciens, critiqués pour leur absence sur le terrain. Malgré des projets de développement, comme un nouvel hôpital, certains habitants se sentent délaissés. Décidés à faire entendre leur voix, ils guettent avec impatience celui qui façonnera leur destin.

Dans la chaleur étouffante de la matinée, nous nous aventurons dans la circonscription n°9 (Flacq-Bon-Accueil), où la fièvre électorale atteint des sommets. Tout le monde attend l'annonce de la date avec impatience. Dans un pays où deux familles ont toujours régné, cette année s'annonce particulière car pour certains, ce prochain scrutin annonce un vent de changement, une fin enfin à une colère silencieuse. Le suspense est palpable, en particulier dans cette vaste circonscription, réputée pour son caractère hétérogène. Ici, au no9, il est clair : les politiciens et les élus s'affairent sur le terrain, multipliant les rencontres et les discours enflammés.

Pourtant, malgré l'effervescence de la campagne, une atmosphère de doute persiste. Les pronostics sont incertains et nul ne peut prédire avec certitude l'issue de ce scrutin. Dans ce bastion électoral, où la politique est souvent un sujet passionné, l'ambiance est à la fois festive et empreinte d'une frustration grandissante. À Lallmatie, lieu où nous commençons notre virée, la vie suit son cours tranquille. Les habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes, entre attente du bus et labeur à la boulangerie locale.

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Interrogés sur leurs prédictions électorales, certains semblent hésiter à répondre, craignant peut-être les répercussions de leurs paroles dans cette atmosphère chargée de tension. Pourtant, au détour d'une rue animée, nous rencontrons Sanjiv, un marchand d'ananas chevronné, qui arpente ses rues depuis des décennies. Il n'a pas peur de parler mais nous prévient : «Pa fer mwa gagn problem-la boss. Aster kan kozé, bez sa.»

Pour lui, cette élection est différente. Un vent de changement souffle dans la région, malgré la popularité des élus sortants. Ces derniers, bien que largement élus lors des précédentes élections, sont aujourd'hui critiqués pour leur absence sur le terrain. Les développements significatifs, tels que la construction d'un nouvel hôpital, contrastent avec le sentiment d'abandon ressenti par certains habitants.

Selon Sanjiv, la population reproche à juste titre le favoritisme et le manque d'attention de certains élus envers l'ensemble de la circonscription. «Pour résumer la situation ici, la circonscription n°9 est grande. Il y a plusieurs régions très habitées ici, mais on a l'impression que les élus n'ont du temps que pour des endroits spécifiques. Si vous allez dans le centre de Flacq, vous serez surpris de voir tous les projets qu'il y a eu. Vous aurez même l'impression d'être dans la capitale de l'île. Mais si vous allez un peu plus loin, à Poste-de-Flacq, par exemple, vous verrez ce contraste incroyable. Flacq kouma Port-Louis, Poste-de-Flacq koumadir Agaléga», nous lâche-t-il sans décolérer. Le manque d'équité dans la distribution des ressources et services alimente le mécontentement, nourrissant ainsi le désir de changement parmi les électeurs.

Nous continuons notre virée dans ces rues tranquilles où résonne le doux murmure des conversations et du va-et-vient des habitants vaquant à leurs occupations. Néanmoins, les habitants semblent réticents à aborder le sujet de la politique, préférant se concentrer sur leur quotidien. Pourtant, à force de persévérance, quelques voix se feront entendre, exprimant un sentiment de déception vis-à-vis de leurs représentants politiques. «Nous avons voté pour eux, mais où sont-ils maintenant ?» s'interroge Madame Devianee, une résidente de longue date. «On ne les voit jamais dans le quartier. Ils ne sont là que lorsqu'ils ont besoin de nos voix.»

Alors que les jours précédant les élections s'écoulent, l'incertitude persiste dans cette circonscription. Les enjeux sont élevés, les attentes sont nombreuses. Qui remportera le scrutin et dirigera le destin de cette région diversifiée et dynamique ? Seul le verdict des urnes dévoilera le futur de cette communauté, partagée entre l'espoir d'un renouveau et la méfiance envers les promesses politiques. Mais une chose est sûre : les habitants sont déterminés à faire entendre leur voix et à défendre leurs intérêts, quelles que soient les circonstances.

Le nouvel hôpital de Flacq, un atout majeur pour les prochaines élections.

Les derniers projets

Dans la circonscription n°9, les cinq dernières années ont été marquées par une série de projets visant à améliorer la qualité de vie des habitants. Le réasphaltage des routes principales, la construction de jardins pour enfants en réponse aux demandes de la communauté, l'amélioration des réseaux d'eau et d'électricité ainsi que l'installation de lampadaires dans toute la région. Ces projets, bien que modestes, ont été accueillis avec un certain enthousiasme par les habitants. Un des projets majeurs de la circonscription reste toutefois le nouvel hôpital universitaire dont le chantier est en pleine effervescence après la pose de la première pierre en août 2021.

Avec un investissement colossal de Rs 2,6 milliards, ce projet d'envergure est entre les mains du conglomérat indien Larsen & Toubro, qui mobilise des centaines de travailleurs venus de l'Inde pour mener à bien sa réalisation. À terme, cet hôpital universitaire sera un véritable pilier de la santé, offrant plus de 500 lits et une unité de soins intensifs de 62 lits, ainsi que dix blocs opératoires ultramodernes. Sur une superficie de 25 arpents, l'établissement accordera une place primordiale à l'enseignement, avec une zone dédiée à la formation médicale pouvant accueillir jusqu'à 100 étudiants. Cette zone comprendra un auditorium spacieux de 500 places et une aile spécialisée équipée des dernières technologies médicales.

Tony Armance, 68 ans, Lallmatie«Mo pansé éleksion viré mam. Népli pé kapav viv, nanié pa pé kapav asté. Bann éli désann dan landrwa wi, mé selma ki sa pé sanzé. Nanié. Pa pé kapav asté légim ditou. Inn ogmant pansion wi, mé séki mo pé asté pé dépas pansion pé alé.»

Sanjeev, Bon-Accueil, marchand d'ananas

«En tant qu'habitant de Lallmatie, je pense qu'il faut un changement. Toute chose doit changer à un moment. Je pense qu'il faut donner la chance à tout le monde. Depuis le Covid-19, tout a changé. La vie est difficile...»

Noël Bonbon, habitant de Centre-de-Flacq«Je salue le gouvernement actuel. Mwa mo pa pou get lékonomi, isi laba. Dan enn lakaz si éna dé gran dimounn zot gagn zot ti pansion, ed zot bann ti zanfan, pourquoi pas ? Ou alors si un couple travaille, pé amenn Rs 20 000 lakaz, pourquoi pas ? Mo mem kot mwa mo éna trwa loto. Bizin travay pou gagn kas. Si ou pa travay, ou pa pou gagn kas. Mo salié travay nou bann dépité éli isi: Deepak Balgobin, Sudheer Maudhoo, Vikash Nuckchady. É mo péna okenn dout prosenn éleksion, MSM pou gagné fasilman.»

Gino, Poste-de-Flacq«Honnêtement, il faut un changement drastique. Ce gouvernement abuse. Ils ont augmenté la pension mais en face, vous savez le prix de ce qu'on appelle diri rasion ? Depuis longtemps je n'ai pas vu des élus venir dans cette région. Pourtant, on essaie par tous les moyens de joindre les deux bouts. On va travailler chez des gens comme maçon. Quand on fixe un prix par exemple, Rs 1 500 par jour, le patron nous dit non Rs 500. On a l'impression qu'ils ne réalisent pas que les denrées de base sont chères. Comment on va faire ?»

Bahadoor, pensionnaire habitant Lallmatie«En tant que citoyen, et surtout en tant que personne âgée, je pense que nous n'avons pas d'autre choix que de voter pour Pravind Jugnauth et son gouvernement. Il suffit de regarder tous les projets de développement dans chaque village. Je viens de la circonscription n°9. Je suis témoin de nombreux développements ici. Je peux dire que c'est du jamais-vu et nous devons donc voter à nouveau pour ce gouvernement.»

Catapermal, Camp-Marcelin«Bizin sanzman. Kot nou lamem dan Camp-Marcelin naryen péna. Enn terin football asterla pé mété. Alor éleksion pré. Pandan sink an, ki linn fer? Lot landrwa éna térin ténis, volleyball, mé isi péna. Pourtan éna gran gran zwer sorti la. Zwer dan séleksion. Dimounn sorti dan divizion. Ou koné mem enn zardin zanfan nou péna? Bien bizin sanzman. Bann éli zwenn dimounn mé nanié zot pa fer. Enn landrwa couma Camp-Marcelin rénomé bon bon judoka éna la, éna lédikasion, mé pa gagn travay. Pa bon. Tir oranz mé kisannla pou mété? Séki pou fer travay. Mé bizin tiré. Donn vié dimounn Rs 15 000, mé zénes ki pas mizer.»

France Basy, Poste-de-Flacq«On a trois élus dans la région. Je ne les ai jamais vus ici. Ils ne sont jamais venus ici ni même pour poser une petite roche. Ils ne font rien ici. On n'a rien. Même pas une toilette, rien. Ils ont donné Rs 13 000 comme pension mais une fois au supermarché quand on passe à la caisse, on se retrouve à retourner des produits sur les étagères. C'est humiliant et triste.»

Fezal Doobory, NHDC Poste-de-Flacq«J'ai assisté à trois élections. Pour l'heure, je dois dire qu'il faut un vrai changement. La vie est trop chère. Il y a zéro développement dans cette région, ni à Débarcadère. Éna minis inn dir éna lisien ki res dan NHDC isi. Nou mem kinn vot zot non, nou'nn fer enn gran érer. Mo pansé Ramgoolam ti pé fer bien kan li ti la. Nou ti pé gagn kas mwin mé ti pé kapav gagn nou lavi. Méyer Ramgoolam. Dan sipermarsé si enn bwat pomdamour Rs 10 ek enn lot Rs 15, nou pran Rs 10 la. Tro ser. Pa pou kapav konbat koumsa.»

Sauvilen Coodien, habitant de Poste-de-Flacq«Fodé nou gété séki finn fer pou bann zenn. Pé donn Rs 2000 pou nésans bann zanfan. Minis lédikasion finn abat enn zoli travay pou tou zanfan, ziska fré liniversité osi péna. Gouvernman finn met a dispozision lédikasion gratis. Fodé pa nou bliyé minis Sithanen ti tir tou sibsid lor lédikasion. Parol doné parol sakré par le PM, li finn vinn enn réalité zordi.»*

Jekuna Basy, Flacq«Il faut un changement. Depuis 2001, ma soeur travaille sur la plage pour vendre de la nourriture et ce n'est que maintenant que ça pose problème apparemment. On ne voit jamais les ministres. Ce ne sont que les membres de l'opposition qui viennent ici pour nous aider. Quand j'ai appelé à la radio une fois pour un problème concernant la pêche, le ministre Maudhoo a demandé à M. Nuckcheddy de venir. Mais il n'est pas ministre de la Pêche lui, qu'est-ce qu'il va faire ? Rien.»

Sanmukhiya Sonah, commerçant et habitant de Flacq«Je pense qu'il est évident qu'il y a beaucoup de développements dans le pays, et pas seulement dans la circonscription n°9. Il suffit de voir récemment l'inauguration du SAJ Bridge. Le développement est partout, même à Flacq, comme le terrain de football. Je pense que le gouvernement actuel fait un très bon travail. Sans aucun doute, je peux dire que c'est le parti MSM qui remportera les prochaines élections, surtout avec l'augmentation de la pension pour les personnes âgées. Certes, certaines personnes se plaignent du coût de la vie, mais c'est général. Dans l'ensemble, je suis vraiment satisfait de ce gouvernement.»

Résultats des dernières élections de 2019

  1. MAUDHOO, Sudheer - L'Alliance Morisien : 22 805 votes (50,3 %)
  2. BALGOBIN, Darsanand - L'Alliance Morisien : 22 526 votes (49,7 %)
  3. NUCKCHEDDY, Sanjit Kumar - L'Alliance Morisien : 21 399 votes (47,2 %)
  4. BACHOO, Anil Kumar - L'Alliance Nationale : 19 267 votes (42,5 %)
  5. KHAMAJEET, Dhiraj Singh - L'Alliance Nationale : 15 912 votes (35,1 %)
  6. RITOO, Satyaprakash - L'Alliance Nationale : 13 181 votes (29,1 %)

Les potientiels candidats

Anil Bachoo (PTr)

Dhiraj Khamajeet (PTr)

Avinash Ramkhelawon (Ptr)

Chetan Baboolall (MMM)

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