La commune de Bambali, dans le département de Sédhiou, abrite un périmètre bananier de 18 hectares, dont les 14 sont exploités. Ces terres sont aménagées par le Groupement des producteurs de bananes des villages de Boudhiemar, Francounda, Kodji et Bambali. Aujourd'hui, ce périmètre bananier est confronté à un manque criant d'eau.
À l'entrée du village de Bambali se trouve, du côté gauche, une gigantesque bananeraie. Elle est mise en valeur par 86 exploitants agricoles des villages riverains comme Francounda, Kodji, Boudhiemar, tous situés dans la commune de Bambali. Ce grand périmètre a contribué à la lutte contre la migration irrégulière des jeunes de la localité. En effet, plusieurs d'entre eux y gagnent leur vie, chaque lundi, jour prévu pour la coupe de la banane, renseigne Ousmane Biaye, président de l'Association des exploitants de la bananeraie de Bambali.
« Nous avons, au total, 110 parcelles dont la rentabilité est estimée à 300 tonnes par an à raison de 200 000 FCfa la tonne. Cette plus-value a permis de fixer certains jeunes de la zone dans leur terroir. En sus, les revenus non négligeables tirés de ces activités agricoles ont permis à des producteurs de construire des maisons, de payer des motos « Jakarta », d'investir dans le transport, mais aussi d'assurer quotidiennement leurs dépenses », fait savoir M. Biaye. D'autres parviennent même à financer les études de leurs enfants et réussissent à monter de petites et moyennes entreprises agricoles ou commerciales. Ce périmètre bananier constitue une aubaine pour les populations rurales de la zone.
Des bénéfices conséquents
Les vendeuses de bananes de Sédhiou, Bambali et Malifara viennent s'y procurer le fruit. Elles achètent le produit en gros et revendent au détail dans les marchés hebdomadaires (loumas) ou dans les rues de la commune de Sédhiou. Sophie Diatta, vendeuse de bananes originaire de Francounda, est trouvée dans l'enceinte du périmètre bananier en train d'ensacher des fruits déjà détachés du régime. Cette brave femme, habillée d'une tunique de couleur grise, est âgée à peu près d'une quarantaine d'années.
Elle se réjouit de ce qu'elle a pu réaliser en exerçant dans cette filière. « J'ai duré dans cette filière, car j'ai bouclé deux décennies. La commercialisation de la banane m'a beaucoup donné. J'ai gagné beaucoup d'argent et j'ai réussi à construire une maison à Sédhiou. J'assure, chaque année, la scolarité de mes enfants avec mes avoirs. Mon mari ne travaille pas, mais je le soutiens. J'ai ouvert un compte bancaire dans une banque de la place où je parviens à faire des dépôts journaliers », explique-t-elle. Sophie ajoute qu'elle gagne des bénéfices conséquents variant entre 3000 et 7000 FCfa par jour. Si la vente de banane marche bien pour certaines vendeuses, en revanche, d'autres font des bénéfices dérisoires suivant la loi du marché.
C'est le cas de Diattaba Sidibé, vendeuse de bananes originaire du village de Badiary, de la commune de Bambali. On l'a trouvée assise au marché central de Sédhiou avec son récipient rempli de bananes. Cette dame attend les clients avec impatience. Elle assure qu'il y a plusieurs bananeraies dans le département de Sédhiou. « Si nous nous retrouvons toutes ensemble à Sédhiou, le problème de la clientèle se pose. Certaines d'entre nous peuvent revenir bredouilles. En effet, elles auront dépensé dans le transport et les repas de la journée le peu qu'elles ont gagné. Mes revenus sont très faibles ces derniers temps, car la clientèle se fait rare. Je reviens avec une somme de 2000 FCfa par jour », déplore Mme Sidibé.
Manque d'eau et vétusté des machines
L'avenir de la grande entreprise rurale de 18 hectares, mise en place dans la commune de Bambali, dans le département de Sédhiou, est toutefois menacé. D'abord, les machines n'arrivent plus à alimenter suffisamment les parcelles en eau. Chaque pied de banane consomme 14 litres d'eau par jour ; ce qui, d'après Daffé Sadio, exploitant agricole à la bananeraie de Bambali, affecte souvent les rendements. Il estime que le coût du gasoil freine leurs ambitions. Le périmètre bananier de Bambali fonctionne maintenant avec une seule machine.
Le manque d'eau prédomine ; d'où le cri du coeur lancé par les exploitants agricoles. Ces derniers faisaient, dans le passé, d'importantes récoltes. Mais, aujourd'hui, c'est le contraire qui commence à se signaler. Il y a aussi d'autres problèmes qui impactent ce périmètre bananier. « Nous accusons des pertes liées aux tornades, aux pluies diluviennes et aux vents violents qui dévastent nos produits. En définitive, nous demandons à l'État de nous accompagner, pour que la bananeraie retrouve sa place d'antan », sollicite Daffé.