Sénégal: Grève des agents des collectivités territoriales - Un mouvement qui perdure, sans porte de sortie

Dans la satisfaction des revendications, s'il y a un corps qui est bien lésé, c'est celui des agents des collectivités territoriales. Depuis près de deux ans, ces derniers cumulent des humeurs sans portant se faire entendre même si les élus des collectivités territoriales reconnaissent la légitimité de leurs revendications, ils se disent impuissants dans la satisfaction des besoins. Quant à l'Etat, il a toujours joué au « dilatoire » avec des promesses non tenues.

Le régime du président Macky Sall a laissé aux travailleurs des collectivités territoriales un sentiment amer. Depuis plusieurs mois voire près de deux années, ces derniers courent derrière la mise en oeuvre de leur statut de fonctionnaires locales et l'augmentation généralisée des salaires. N'ayant pas bénéficié dans la grande majorité des indemnités octroyées par le président de la République sortant à tous les fonctionnaires de l'Etat, bien qu'ils en aient droit, ces derniers continuent de vivre dans la précarité avec des salaires à la limite dérisoire. Lundi dernier, ils ont encore décrété 120h de grève espérant ainsi se faire entendre par le nouveau gouvernement. Selon les responsables syndicaux, l'État a satisfait tous les autres secteurs qui étaient en évolution dont le secteur primaire, celui du privé, les universités, mais pas celui des collectivités territoriales.

Si la rencontre avec l'ancien Premier ministre, Amadou Ba, qui avait présidé le 09 février 2024 à la Primature, une concertation avec les centrales syndicales des travailleurs et qui avait conduit à la suspension du mot d'ordre de 15jours, a suscité espoir, celui-ci n'a été que de court moment. Le Premier Ministre avait souligné qu'il recevrait, une fois par semestre, les secrétaires généraux des centrales syndicales de travailleurs pour échanger sur les préoccupations majeures du monde du travail. Il avait été demandé au Ministre chargé des collectivités territoriales de prendre, les dispositions appropriées pour apporter la diligence requise à la mise en oeuvre des conclusions du Comité ad hoc, Gouvernement et Intersyndicale des Collectivités territoriales.

N'ayant pas reçu satisfaction, les acteurs des collectivités ont remis sur la table les grève, une manière pour eux de maintenir le cap jusqu'à la satisfaction de leurs revendications.

Une grève désastreuse pour les populations

120 heures de grève. Cette annonce est devenue familière aux Sénégalais. Certaines personnes ont délaissé les collectivités locales qui restent le secteur le plus impacté de cette grève, même si leurs travailleurs sont aussi dénombrés dans les secteurs de l'éducation, de la santé entre autres. La recherche de documents administratifs dans les municipalités du pays demeure un véritable fardeau. Des Sénégalais sont partagés par des allers et retours répétés pour en disposer. La satisfaction des requêtes et demandes dans les mairies relève pour certains d'un véritable coup de chance. Il faut être dans les lieux à 08h pour en avoir car aucun des agents n'offre ses services au-delà de 10h. Un mot d'ordre qui est bien suivi du fait que le constat reste le même un peu partout dans le pays. Aissatou Dial Sall est une des victimes de cette grève.

Cette personne ne parvient toujours à disposer de certains de ces documents pour les besoins d'inscription au cycle supérieur. Elle devra attendre encore une semaine si le mot d'ordre n'est pas renouvelé pour les avoir. Trouvée au Centre municipal principal de Dakar, elle demande au nouveau gouvernement d'explorer les voies et moyens pour diligenter cette situation qui ne peut pas continuer et qui est handicapante pour les populations mais aussi pour l'Etat. Cette dame a aussi renseigné : « des mariages ont été repoussés à cause de cette grève. Des parents viennent pour la déclaration de leurs enfants sans avoir la possibilité de le faire ». Au sein des municipalités, c'est le calme plat, les entrées et sorties n'ont plus leur raison d'être puisque l'information est donnée à la porte par les vigiles. En attendant que la situation se décante, les Sénégalais en besoin de papiers administratifs devront prendre leur mal en patience.

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